VITAL KAMERHE : LE CAMELEON DE LA POLITIQUE CONGOLAISE ET SES MANŒUVRES DANGEREUSES EN VUE DE 2028

Dans les méandres de la politique congolaise, un homme se distingue par sa capacité à changer de peau au gré des vents du pouvoir : Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo. Surnommé « le caméléon« , ce vétéran des intrigues de Kinshasa oscille entre loyauté affichée et coups de poker audacieux, laissant derrière lui un sillage d’ambiguïtés et de soupçons.

À la tête de l’institution censée incarner le contrôle démocratique, Kamerhe multiplie les gestes troublants: partialité dans des affaires sensibles, voyages diplomatiques suspects, enrichissement sans cause et une passivité parlementaire qui frôle la complaisance, si pas carrément la corruption. Alors que l’horizon des élections de 2028 se profile, ses agissements font craindre une menace sourde pour la fragile démocratie congolaise. Qui est vraiment Vital Kamerhe et jusqu’où ses ambitions pourraient-elles mener le pays ?

UN PARCOURS EN ZIGZAG : ALLIANCES ET TRAHISONS

Ancien président de l’Assemblée nationale sous Joseph Kabila (2006-2009), il a fondé l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) en 2010, avant de rallier Félix Tshisekedi pour la présidentielle de 2018. Récompensé par le poste stratégique de directeur de cabinet en 2019, il chute brutalement en 2020, arrêté pour détournement de fonds dans le cadre du programme des « 100 jours », géré directement par lui. Condamné à 20 ans de prison, il est acquitté en appel en 2022, un rebondissement qui intrigue autant qu’il interroge.

En 2023, il revient en force comme vice-Premier ministre chargé de l’Économie, sans beaucoup d’actions d ‘éclat sur le terrain économique, puis s’empare du perchoir de l’Assemblée nationale en mai 2024. Ce parcours chaotique, ponctué de ruptures et de retours spectaculaires, alimente une question lancinante : Kamerhe joue-t-il pour Tshisekedi, ou pour lui-même ?

Beaucoup y voient une stratégie froide pour se positionner en vue de 2028, un pari risqué QUI POURRAIT DESTABILISER LE FRAGILE EQUILIBRE POLITIQUE DU PAYS.

L’AFFAIRE MATATA PONYO : UN PARFUM DE PARTIALITE

L’un des épisodes les plus révélateurs de cette ambiguïté est l’affaire Matata Ponyo, ex-Premier ministre accusé de détournement de centaines de millions de dollars dans le fiasco agro-industriel de Bukanga-Lonzo. En avril 2025, Kamerhe, drapé dans son rôle de gardien du règlement d’ordre intérieur de la chambre basse, exige la suspension des poursuites contre Ponyo, même au prix d’un bras de fer ridicule avec la Cour Constitutionnelle. Mais dans les coulisses, le doute s’installe : pourquoi tant de zèle pour protéger un homme clé du passé ?

Pour certains, c’est une faveur rendue à un potentiel allié très solvable; pour d’autres, une carte abattue en prévision de futures alliances électorales. Cette intervention exhale un parfum de calcul personnel, renforçant l’image d’un Kamerhe prêt à manipuler les leviers du pouvoir pour ses propres intérêts. Une partialité qui, si elle se confirme, encore une fois, pourrait miner la confiance dans une justice déjà vacillante.

Un Parlement Muet : La Démocratie en Otage

Sous la férule de Kamerhe, l’Assemblée nationale, censée être le rempart du contrôle gouvernemental ( comme Kamerhe lui-même avait annoncé, dans son discours d’investiture), semble avoir perdu complétement sa voix.

En mai 2025, une pétition portée par le député Eliezer Ntambwe demande la destitution du bureau de l’Assemblée, accusé de bloquer les interpellations et de fermer les yeux sur les dérives de l’exécutif.

Les critiques pleuvent : absence de transparence, enquêtes étouffées, complaisance envers des ministres intouchables. Ce silence parlementaire, loin d’être anodin, trahit une dérive inquiétante. Kamerhe protège-t-il des alliés pour consolider son réseau ? Ou pire, monnaye-t-il son inaction contre des faveurs ? Dans un pays où la reddition des comptes est un luxe rare, cette passivité fait planer une ombre lourde sur la démocratie congolaise, déjà fragilisée par des décennies de crises.

GLOBE-TROTTER DU PERCHOIR ET ADEPTE DU TOURISME D’ETAT : AMBITION OU ENRICHISSEMENT ?

Et puis, il y a ces voyages. Kamerhe, président d’une assemblée nationale, sillonne le monde comme un chef d’État en campagne. Mars 2025 : il rencontre l’envoyé spécial des États-Unis et l’ambassadrice d’Espagne pour évoquer la paix dans l’Est. Octobre 2024 : il s’entretient avec Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale française. Il vient encore de voyager pour Entebbe, pour rencontrer le très sensible Museveni… ou peut-être, en cachette, le sulfureux Joseph Kabila, son ancien maitre, qui notamment sillonne l’Afrique de l’Est, en ce moment…. Officiellement, il s’agit de « diplomatie parlementaire ». Mais cette frénésie est inédite, et les soupçons fusent. Cherche-t-il à polir son image internationale pour 2028 ?

À tisser un réseau d’influence? Ou, comme certains le murmurent, à s’enrichir sur des fonds publics ? Ces escapades continuelles nourrissent une méfiance croissante: derrière le discours altruiste, un agenda caché semble se dessiner, aussi flou que potentiellement dangereux.

UN MANIPULATEUR RANCUNIER ?

Le portrait de Kamerhe qui émerge est celui d’un stratège implacable.

Dès 2009, un câble diplomatique américain le décrivait comme un homme versatile, prêt à tout pour le pouvoir. Son acquittement en 2022, perçu par certains comme un arrangement politique, et ses inimitiés tenaces avec d’anciens rivaux renforcent cette réputation. « Dangereux et rancunier », disent ses détracteurs, pointant sa capacité à éliminer ses adversaires sans sourciller. Aujourd’hui, son soutien à Tshisekedi semble conditionnel, presque opportuniste. S’il affiche une loyauté de façade, ses manœuvres en coulisses trahissent une ambition dévorante. La question n’est plus de savoir s’il prépare un coup, mais quand et comment il le jouera, le déclenchant officiellement.

Vers 2028: Stabilité ou Chaos ?

Vital Kamerhe est un paradoxe vivant: un survivant politique habile, pour ne pas dire adepte du vagabondage politique, mais un acteur dont les intentions troubles menacent l’équilibre précaire de la RDC.

Entre ses interventions biaisées, un parlement anesthésié et des visées présidentielles à peine voilées, il incarne les dérives d’un système où l’intérêt personnel prime sur le bien commun.

À l’approche de 2028, les regards sont tournés vers lui. Précipitera-t-il la RDC dans une nouvelle tempête, portée par les propres ambitions de celui qui avait écrit, il y a pas longtemps, le panégyrique « Pourquoi j’ ai choisi Joseph Kabila ? ».

Une certitude demeure: le caméléon n’a pas fini de changer de couleur…

Résistant Congolais

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