
Corneille Nangaa, l’ancien patron de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) en République Démocratique du Congo, n’est plus l’homme discret des bureaux climatisés de Kinshasa. Aujourd’hui, il dirige l’Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23, un groupe rebelle décidé à faire tomber le gouvernement par les armes.
Son parcours ? Une descente aux enfers faite de manipulation, de fraude et d’allégeance à des puissances étrangères, avec le peuple congolais comme sa principale victime. Très loin de l’image de révolutionnaire qu’il essaye d’ interpréter, avec très peu de succès.
Proche de Joseph Kabila, dont il fut le fidèle exécutant, Nangaa a d’abord truqué des élections avant de rejoindre le M23, soutenu par le Rwanda.
Condamné à mort pour trahison, il est tout sauf une option crédible face à Félix Tshisekedi.
Retour sur un homme qui a vendu au moins deux fois son pays.
LE PION DE KABILA : QUAND LA DEMOCRATIE DEVIENT UNE FARCE
En 2015, Joseph Kabila, alors président de la RDC, place Nangaa à la tête de la CENI. Un choix calculé. Soutenu par une partie des confessions religieuses, sans le consensus requis, ce technocrate très serviable devient vite l’homme de confiance de l’ex-président, qui l’avait placé, depuis 2005, dans les circuits de la Ceni.
Sa mission principale? Contrôler les élections de 2018 pour prolonger l’influence de Kabila, dont le mandat constitutionnel est déjà largement épuisé.
Le scrutin, retardé de deux ans, finit par se tenir dans un chaos organisé. Nangaa proclame Félix Tshisekedi vainqueur avec 38 % des voix, malgré des fuites et des rapports d’observateurs indépendants qui donnent d’autres candidats largement en tête. Pour beaucoup, et selon ses propres aveux, c’est un deal en coulisses, un « compromis africain » : Kabila lâche la présidence, mais garde les ficelles de sa fausse majorité parlementaire issue de la fraude électorale pro FCC, la plateforme électorale de l’ancien président.
Le prix à payer est lourd. Les États-Unis sanctionnent Nangaa en 2019, l’accusant d’avoir « saboté la démocratie » en manipulant les résultats et en retardant le vote (U.S. Department of the Treasury).
Le report des élections, qui avait permis à Kabila de s’accrocher au pouvoir jusqu’en 2018, déclencha des manifestations violemment réprimées. Des centaines de morts s’ajoutent au bilan d’un homme qui, loin de protéger les urnes, les a détournées au profit d’un régime vacillant.
Un scrutin entaché de sang et de mensonges
À la CENI, Nangaa transforme un mandat électoral en cauchemar national.
Prévu pour 2016, le vote est repoussé à décembre 2018, offrant à Kabila un sursis illégal de deux ans, dit « glissement » à Kinshasa.
« Nangaa déclare la guerre au peuple congolais », tonne alors Tshisekedi, encore dans l’opposition.
Les rues s’embrasent, les forces de l’ordre tirent et les Nations Unies comptent les cadavres, entassés dans les fosses communes, comme celle de Maluku, avec plus de 400 cadavres.
Quand les résultats tombent enfin, ils puent la fraude. Les données divulguées par des lanceurs d’alerte contredisent les chiffres officiels, mais Nangaa n’écoute personne en dehors de son maître, annonçant des résultats truqués.
Son passage à la CENI laisse des cicatrices profondes. La confiance dans les institutions s’effondre et Nangaa s’en va en exil en 2021, discrédité.
Les sanctions américaines et les accusations de corruption collent à son nom comme une ombre. Mais ce n’est que le début de sa chute.
Le virage armé : le costume troqué avec le treillis du M23
En 2023, Nangaa abandonne les urnes pour les armes. Il prend les rênes de l’Alliance Fleuve Congo, une coalition qui réunit des groupes armés, dont le redoutable M23, soutenu par le Rwanda, resuscité après une défaite à la Pyrrhus de 2013, dont les hommes étaient cantonnés au Rwanda et en Ouganda. Objectif : renverser Tshisekedi par la force. En quelques mois, « ses hommes » s’emparent de villes stratégiques comme Goma et Bukavu, semant la terreur dans l’est du pays. Résultat ? 700 000 déplacés, des villages pillés et une guerre qui s’enlise, au prix de milliers de morts civils.
Le Rwanda, accusé de financer et d’armer le M23, tire les ficelles. Nangaa, hier (et peut être encore aujourd’hui) serviteur de Kabila, devient un pion régional, prêt à sacrifier la souveraineté congolaise pour des intérêts partisans et étrangers.
Les Congolais y voient une deuxième trahison pure et simple.
En août 2024, un tribunal militaire le condamne à mort par contumace pour insurrection, trahison et crimes de guerre. Les États-Unis, eux, frappent l’AFC/M23 de nouvelles sanctions en juillet 2024, dénonçant une « insurrection violente » orchestrée au profit du M23 (U.S. Department of the Treasury) et mettant le nom de Nangaa dans une nouvelle liste de personnes sanctionnées (auxquelles s’ajoutent celles de l Union Européenne, toujours en juillet 2024).
Nangaa, désormais fugitif, est un homme traqué.
PAS UNE ALTERNATIVE, MAIS UNE MENACE
Nangaa, un remède à Tshisekedi ? Une illusion.
Son CV parle pour lui : fraude électorale hier, violence armée aujourd’hui. À la CENI, il a piétiné la voix du peuple ; avec l’AFC/M23, il fait encore couler son sang. Son alliance avec le Rwanda et le M23 montre un mépris total pour l’indépendance de la RDC. Là où les Congolais rêvent de paix et de stabilité, lui n’apporte que chaos, corruption et servitude.
Il n’a ni légitimité, ni vision. Sa quête de pouvoir repose sur des kalachnikovs d’une armée étrangère, pas sur des idées.
Encore aujourd’hui, à Goma et Bukavu, l’insécurité règne et les assassinats sont légions parmi les civils congolais. Les sanctions internationales multiples et sa condamnation à mort le disent clairement :
Nangaa est un paria, pas un sauveur.
Le peuple congolais, déjà épuisé par des décennies de conflits, n’a rien à attendre d’un homme qui a trahi deux fois: d’abord leur vote, puis leur pays.
Corneille Nangaa n’est pas un héros en devenir. C’est un opportuniste qui a manipulé les élections pour Kabila avant de se mettre au service du Rwanda pour asservir la RDC.
De gardien sulfureux des urnes corrompue par la fraude, à chef rebelle, son histoire est celle d’une trahison sans fin.
Face à Félix Tshisekedi, il ne représente ni espoir, ni renouveau, juste une menace de plus pour un peuple qui mérite mieux que la guerre, la soumission et le pillage de ses ressources naturelles.
Un personnage qui a déjà trahit deux fois le peuple congolais, selon ses propres aveux publics, pour ses intérêts et sa servilité, faisant couler le sang des congolais sans état d’âme, croyez-vous vraiment qu’il soit capable subitement se métamorphoser en défenseur désintéressé des congolais ?
Impossible de le croire. Il n’est pas un sauver, encore moins un révolutionnaire mais plutôt un opportuniste toujours manipulable.
Résistant congolais