Kinshasa, 24 mars 2025 — Le pasteur et politicien Ngoy Mulunda serait décédé dans des circonstances mystérieuses au sein d’une prison congolaise, déclenchant une onde de choc, des accusations graves et des demandes pressantes d’investigation. Figure influente au grand Katanga, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et fidèle allié de l’ex-président Joseph Kabila, Mulunda était déjà au cœur de tumultes politiques avant que sa mort ne vienne jeter une ombre supplémentaire sur la République Démocratique du Congo (RDC).

L’histoire commence à prendre forme en 2021, lorsque Mulunda est arrêté pour incitation à la haine tribale et condamné à trois ans de prison. Libéré puis de nouveau appréhendé en Zambie en décembre 2024, alors qu’y résidait en tant que réfugié politique, il est extradé vers la RDC dans des conditions troubles, qualifiées de violation du droit international. Depuis, son parcours s’est enfoncé dans un brouillard de spéculations et de silences officiels.
Le 23 mars 2025, des rapports annoncent sa mort, mais les versions divergent. Était-ce à Kinshasa, dans les locaux de la Direction des Renseignements Militaires (DEMIAP)? Ou à Kananga, dans la région du Kasaï, où les conditions carcérales sont notoirement inhumaines ? Le lieu exact et la cause de son décès demeurent flous, alimentant une colère croissante.
Dans une lettre cinglante datée du même jour, sa femme, Scolastique Shimba Mulunda, pointe du doigt les autorités congolaises. « Mon mari aurait été assassiné sur ordre du gouvernement, » affirme-t-elle, décrivant une détention illégale au siège du DEMIAP. Elle exige une enquête indépendante, dénonçant une « situation absolument inacceptable et condamnable ».
La lettre ouverte de la femme du rév. Ngoy Mulunda, 24/03/2025
Mais le gouvernement reste muet. Au 24 mars 2025, aucune confirmation officielle n’a été émise, laissant la famille et les partisans de Mulunda dans une attente insoutenable. Ce silence ne fait qu’amplifier les soupçons dans un pays où les disparitions suspectes de prisonniers politiques ne sont pas rares.
Un drame dans un contexte explosif La mort de Ngoy Mulunda s’inscrit dans une toile plus large de préoccupations sur les droits humains en RDC. Les prisons congolaises, souvent surpeuplées et insalubres, sont régulièrement dénoncées par les ONG. Si Mulunda était détenu à Kananga, comme certaines sources le suggèrent, les conditions seules auraient pu précipiter son décès — à moins qu’une main plus sinistre n’ait été à l’œuvre. D’ailleurs, une vidéo sans date qui circule sur les réseaux sociaux montre un Ngoy Mulunda malade, affaibli et blessé.
Vidéo de Ngoy Mulunda malade, affaibli et blessé. Un vidéo sans date
Assassinat ou négligence criminelle ? Sans transparence, les hypothèses s’accumulent.
Politiquement, les retombées pourraient être explosives. Proche de Joseph Kabila, Mulunda était une figure clé de son régime. Son arrestation en Zambie avait déjà suscité des critiques et sa mort risque d’attiser les tensions dans un paysage politique déjà fragile. La méfiance envers les autorités, profondément ancrée, ne fera que croître si les réponses tardent.
Un appel à la vérité Alors que la famille Mulunda et les défenseurs des droits humains clament justice, le mystère persiste. Une chose est certaine : sans une enquête claire et impartiale, cette affaire restera un symbole brûlant des dérives autoritaires et des injustices qui continuent de ronger la RDC. Le peuple attend des comptes. Le monde observe.