« TAXE SUR LA LANGUE » AU KASAÏ CENTRAL : LES SWAHILOPHONES PRIS AU PIEGE D’UNE NATION FRACTUREE

Dans les rues poussiéreuses du Kasaï Central, un contrôle d’identité peut vite tourner au cauchemar. Pour les Swahilophones, montrer une carte d’électeur ne suffit plus. Même avec ce précieux sésame en poche, ils doivent souvent débourser 30 000 francs congolais — environ 12 dollars — pour échapper à une accusation aussi absurde que pesante : être un rebelle déguisé. Cette « taxe sur la langue », officieuse mais bien réelle, s’abat comme une lame sur une population déjà à bout. En République démocratique du Congo (RDC), pays aux 200 langues et aux fractures béantes, la parole swahili devient un fardeau.

Une Discrimination qui Frappe Fort

Imaginez : vous marchez dans votre propre pays, et soudain, on vous arrête. Pas pour un crime, mais pour votre accent, vos mots, votre façon de dire « bonjour ». Dans les régions comme le Kasaï ou même à Kinshasa, les Swahilophones, souvent originaires de l’Est, sont devenus des suspects permanents. Pourquoi ? Parce que le groupe rebelle M23/AFCa repris du terrain en 2025, s’emparant de villes clés comme Goma et Bukavu. Dans ce climat de paranoïa, parler swahili, c’est risquer d’être étiqueté ennemi de la nation.

Les témoignages affluent. À Kinshasa, des foules en colère ont organisé des « chasses aux Swahiliphones », attisées par des rumeurs et des appels à la violence relayés jusque dans certaines églises. Human Rights Watch a documenté ces dérives, pointant du doigt une discrimination ethnique liée à la langue qui pourrit le tissu social. Pendant ce temps, au Kasaï, les paiements forcés sont devenus une routine humiliante. « J’ai ma carte d’ électeur, je suis Congolais, mais ils me demandent encore de l’argent pour prouver que je ne trahis pas », confie un commerçant de Kananga, la voix tremblante.

L’Église Crie au Scandale

Au #Kasaï Central, dans le territoire de #Lwiza, les swahilophones sont soumis à des contrôles systématiques de cartes d’électeurs. Sans cette carte, vous êtes immédiatement assimilé à un rebelle de l’#AFC_M23. Et même si vous la possédez, vous êtes contraint de payer 30 000 FC.

Face à ce chaos, l’Église catholique a décidé de taper du poing sur la table. Le 22 février 2025, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a lâché une déclaration explosive. « C’est une régression alarmante », ont tonné les évêques, dénonçant l’exploitation de la langue pour semer la haine. Leur message est clair : la langue ne devrait pas diviser, mais unir. Ils évoquent avec nostalgie les jours où des leaders de toutes origines s’asseyaient à la même table pour bâtir la RDC. Aujourd’hui, ce rêve d’unité s’effrite sous les insultes et les extorsions. A noter que les responsables de l’ Eglise Catholique ont été interpellé au Ministère de l’Intérieur, pour avoir dénoncé ces dérives. Nous espérons que le Ministre de l’Intérieur, Shabani Lukoo, un « swahiliphone lui-même, aura la même sollicitude pour mettre un terme à la « taxe sur la langue » imposé aux Swahiliphone par les autorités locale du Kasaï Central.

Un Gouvernement aux Abonnés Absents

Et le président Félix Tshisekedi dans tout ça ? Élu en 2019 sur des promesses d’unité nationale, il brille par son silence. Alors que les Swahilophones se sentent abandonnés, les critiques pleuvent. « Il parle de paix, mais laisse la division gangréner le pays », lâche un analyste politique à Kinshasa. Les observateurs s’inquiètent : ces tensions locales pourraient bien dégénérer en une crise nationale. Car au-delà des billets arrachés aux Swahilophones, c’est une question d’identité qui se pose. Qui est Congolais, et qui ne l’est pas ?

Cette « taxe sur la langue » n’est pas une simple anecdote. Elle cristallise une fracture profonde, un pays qui se déchire sous le poids de ses différences. Entre les avancées des rebelles, les cris d’alarme de l’Église et l’inaction du gouvernement, la RDC danse sur un fil. Les évêques l’ont dit : sans un sursaut rapide, cette nation aux mille visages risque de sombrer dans une crise d’identité dont elle ne se relèvera pas facilement.

Pour les Swahiliphones, l’attente est insoutenable. Leur langue, leur fierté, est devenue leur prison.

Résistant Congolais

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