La proposition controversée de Tshisekedi aux États-Unis soulève des inquiétudes néocoloniales alors que la rébellion M23/AFC resserre son emprise sur l’est du Congo.

Au cœur de l’Afrique, une nation débordante de richesses minérales mais ravagée par des décennies de conflits et mégestion, lance un appel au secours aussi audacieux que risqué. La République Démocratique du Congo (RDC), dirigée par le président Félix Tshisekedi, a tendu une main tremblante aux États-Unis : en échange d’un soutien militaire pour contrer l’avancée inexorable du groupe rebelle M23/AFC, le pays offre un accès exclusif à ses précieux minerais – cobalt, cuivre, trésors indispensables à l’ère technologique.
Mais derrière cette proposition choc, une question brûlante : la RDC est-elle en train de troquer sa souveraineté contre une paix fragile, ou de s’enfoncer dans un nouveau piège « néocolonial » ?
L’EST DU CONGO AU BORD DU GOUFFRE
La crise qui secoue la RDC a pris une tournure alarmante. En 2025, le groupe M23/AFC, soutenu selon de nombreuses sources par le Rwanda voisin, a mis la main sur des grandes villes stratégiques comme Goma et Bukavu et hier, 19/03/25, Walikale, important centre minier. Le bilan est lourd : au moins 7 000 morts depuis janvier, selon Al Jazeera, et des milliers de déplacés fuyant les combats. Le gouvernement congolais, malgré l’appui de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), semble impuissant face à cette offensive. Les efforts régionaux patinent, les missions de l’ONU sont jugées inefficaces, et le spectre d’une déstabilisation plus large plane sur la région.
C’est dans ce chaos que Tshisekedi a décidé de jouer une carte inattendue, jetant un regard vers Washington pour sauver son pays – et surtout son pouvoir.
LE MARCHE : DES MINERAIS CONTRE DES ARMES
La proposition de Tshisekedi est aussi simple que provocante. En échange d’une aide militaire américaine – formation des troupes, équipements modernes, voire des bases sur le sol congolais – la RDC ouvrirait grand les portes de ses réserves minérales. Avec 70 % des réserves mondiales de cobalt, essentiel aux batteries des voitures électriques, et des gisements de cuivre cruciaux pour les énergies renouvelables, le Congo a de quoi faire saliver les grandes puissances. Une lettre adressée au secrétaire d’État américain Marco Rubio, relayée par The New York Times, détaille ce projet : une alliance stratégique pour sécuriser les frontières et contrer l’influence rwandaise dans la région.
Pour Tshisekedi, prêt à tout, c’est un moyen de survie. Mais pour beaucoup, cette offre sent la capitulation d’un président acculé prêt à brader les richesses nationales de plusieurs générations de congolais, pour rester à flot.
LES FANTOMES DU PASSE : UN PARFUM DE NEOCOLONIALISME
L’histoire de la RDC est une litanie d’exploitations. Du joug brutal de la Belgique coloniale aux accords opaques avec la Chine ces dernières décennies, le pays a souvent vu ses ressources siphonnées au profit d’intérêts étrangers. En 2008, un deal avec Pékin promettait des infrastructures contre des minerais, mais les Congolais de la rue n’en ont guère vu la couleur. La promesse de Tshisekedi, faites aux américains en 2019, de revoir ces contrats chinois s’est terminée par …la récupération des avantages de ces contrats en faveur de sa famille, avec son propre fils, Anthony, à la tête de la structure de gestion.
Aujourd’hui, la nouvelle proposition de Tshisekedi fait craindre un « bis repetita », surtout à cause de sa légendaire tendance à ne pas respecter ses promesses.
« On marche sur une pente glissante », met en garde Jean-Pierre Okenda, analyste congolais interrogé par BBC News. « Sans garanties solides, nos richesses risquent de partir à l’étranger pendant que notre peuple croupit dans la misère ». L’idée d’une RDC transformée en pion des ambitions géopolitiques américaines ravive les souvenirs d’un passé douloureux où la souveraineté n’était qu’un mirage.
LA DEFENSE SELON TSHISEKEDI : UN MAL NECESSAIRE ?
Face aux critiques, Tshisekedi se pose en pragmatique. « Nous luttons pour notre survie », a-t-il martelé dans une interview au New York Times et à Fox News. Pour lui, ce partenariat avec les États-Unis n’est pas une reddition, mais une stratégie pour reprendre le contrôle face à ses ennemis. Les pourparlers de paix menés par l’Angola et par la suite par le Qatar avec Kigali n’ont rien donné de concret, et les alliés régionaux peinent à tenir tête à M23/AFC. Dans ce contexte, l’aide américaine apparaît comme une bouée de sauvetage – peut-être la dernière – pour Tshilombo et son régime.
Mais à quel prix ? Les détracteurs s’interrogent : ce marché renforcera-t-il vraiment le Congo, ou creusera-t-il encore les inégalités, hypothéquant les richesses du pays pendant des générations et amputant sa souveraineté ?
UN DESTIN EN SUSPENS
La RDC se trouve à un tournant décisif. Le pari de Tshisekedi pourrait ramener la stabilité « DU COLON » ou, au contraire, ancrer le pays dans une nouvelle ère de dépendance étrangère, ayant le visage honteux d’une recolonisation, au moment où d’autres pays africains, comme le Burkina, le Sénégal ou le Mali font tout pour briser les dernières chaines coloniales qui persistent. Pendant ce temps, les Congolais, pris entre les feux rebelles et les promesses incertaines de leurs dirigeants incapables de les défendre, attendent des réponses.
Alors que le monde observe, une vérité demeure : dans ce jeu d’échecs géopolitique, ce sont les ressources et le sang du Congo qui sont en jeu. Reste à savoir qui en sortirait gagnant : un régime en perte de vitesse ou bien le peuple congolais ?
Se rappelant du rôle déterminant qui ont eu les USA dans la dénonciation de la colonisation brutale de la Belgique et son cout humain scandaleux (plus de 10.000.000 de morts pendant la période coloniale), il serait paradoxal que les Etats Unis soient au centre d’une nouvelle colonisation du Grand Congo, réduit encore et toujours au rôle de comptoir de matières précieuses, en échange de sécurité d’une super puissance d’ailleurs peu incline à déployer ses hommes à l’étranger, en ce moment…