WALIKALE TOMBE SOUS CONTROLE DU M23/AFC: CENTRE STRATEGIQUE POUR SES RESSOURCES, POSITION ET MOMEMTUM

Dans l’est tumultueux de la République Démocratique du Congo (RDC), Walikale, une ville nichée dans la province du Nord-Kivu, vacille. Les rebelles du M23/AFC, après avoir enfoncé les lignes des forces armées congolaises (FARDC), sont sur le point de s’emparer de ce bastion stratégique. Cette avancée, qui intervient après l’échec d’une rencontre entre le président congolais Tshisekedi et son homologue rwandais Kagame à Doha le 18 mars 2025, pourrait bien redessiner l’avenir du conflit.

Mais pourquoi Walikale, ce carrefour poussiéreux, est-elle si cruciale pour l’évolution de la guerre, notamment en direction des provinces de Tshopo et Tanganyika ?

La réponse tient en trois mots: ressources, position, momentum.

UNE MINE D’OR POUR LES REBELLES

Walikale n’est pas une ville ordinaire. C’est un coffre-fort à ciel ouvert, regorgeant de coltan et d’autres minerais précieux qui alimentent l’industrie mondiale des technologies. Ces ressources ne sont pas seulement une manne financière ; elles sont le nerf de la guerre. Pour le gouvernement de Kinshasa, les mines industrielles de Walikale génèrent des millions en taxes, un oxygène vital pour financer les opérations des FARDC.

Quand les rebelles du M23/AFC auront mis la main dessus, ils ne se contenteront pas de s’enrichir : ils assèchent les caisses de l’État, affaiblissant la capacité de l’armée à riposter. Chaque kilo de coltan extrait sous leur contrôle devient une balle dans leur arsenal, un levier pour prolonger et intensifier le conflit.

UNE PORTE OUVERTE SUR L’INTERIEUR

Mais l’importance de Walikale dépasse les chiffres. Géographiquement, cette ville est un verrou stratégique. Située à l’ouest du Nord-Kivu, elle commande la route nationale RN3, un ruban d’asphalte et de poussière qui serpente vers l’intérieur du pays. Walikale tombée, les rebelles s’offrent une tête de pont pour projeter leur pouvoir bien au-delà de leur fief actuel. Vers le nord, la province de Tshopo, avec Kisangani – la troisième ville du pays et un carrefour logistique majeur – devient une cible potentielle. Prendre Kisangani, c’est frapper un symbole, raviver les fantômes de la Deuxième Guerre du Congo et menacer le cœur économique et politique de la RDC.

Vers le sud, Tanganyika, bordée par le lac du même nom, offre un autre théâtre d’expansion. Moins direct que la route vers Kisangani, l’accès à cette province pourrait néanmoins perturber les lignes d’approvisionnement de l’armée et déstabiliser une région déjà fragilisée par ses propres conflits internes. Walikale, en somme, n’est pas qu’un trophée: c’est une rampe de lancement pour une offensive plus large, un pivot qui pourrait faire basculer l’équilibre des forces dans l’est congolais.

UN COUP PSYCHOLOGIQUE DECISIF

Au-delà des ressources et de la géographie, la chute de Walikale est en train de porter un coup dur au moral des FARDC et de leurs alliés. Pour les rebelles, ce serait une victoire retentissante, un signal clair que leur marche est inexorable. Les récents revers de l’armée – villages perdus, défections vers le camp ennemi – ne font qu’amplifier cette dynamique. Le gouvernement a beau offrir 5 millions de dollars pour la capture des chefs du M23/AFC, la menace grandit.

Quand Walikale sera bientôt passée sous contrôle rebelle, le désespoir pourrait s’installer dans les rangs de l’armée, tandis que le M23/AFC gagnerait en audace. Cette percée renforcerait aussi leur narratif : celui d’un mouvement capable de défier Kinshasa, voire de rêver à une marche sur la capitale.

VERS TSHOPO ET TANGANYIKA : UNE MENACE EN MARCHE

L’évolution du conflit vers Tshopo et Tanganyika n’est pas une hypothèse farfelue. Depuis Walikale, les rebelles pourraient exploiter les routes et les ressources pour menacer ces provinces, soit directement, soit en semant le chaos dans leurs périphéries. À Tshopo, la prise de Kisangani serait un coup de maître, paralysant les opérations de l’armée et ouvrant une nouvelle front au nord. À Tanganyika, l’instabilité pourrait attirer d’autres groupes armés, créant un effet domino qui échapperait à tout contrôle. Même si le M23/AFC manque peut-être des moyens pour occuper durablement ces vastes territoires, leur seule capacité à y projeter une menace suffirait à étirer les défenses de la RDC jusqu’au point de rupture.

UN CONFLIT AU BORD DE L’EMBRASEMENT

L’échec substantiel des pourparlers de Doha a éteint les espoirs d’une solution pacifique. Désormais, chaque mouvement sur le terrain compte. La prise imminente de Walikale par le M23/AFC n’est pas une simple escarmouche locale : c’est un tournant qui pourrait enflammer l’est du Congo tout entier. Pour les habitants de Tshopo et Tanganyika, l’ombre des rebelles se profile à l’horizon, portée par le vent de la guerre qui souffle depuis Walikale. La RDC retient son souffle, car ce qui se joue ici dépasse les frontières du Nord-Kivu : c’est l’avenir d’un pays au bord du gouffre.

Résistant Congolais


MISE A JOUR A 17H45 HEURE DE KINSHASA, 19/03/25:

WALIKALE CENTRE VIENT DE TOMBER SOUS CONTROLE DU M23/AFC

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