RDC: LE KATANGA, PILLE’ AU PROFIT DE LA FAMILLE TSHISEKEDI? UNE PLAINTE EN GESTATION EN BELGIQUE

En République démocratique du Congo (RDC), le Katanga, province gorgée de cuivre et de cobalt, est sous les feux des projecteurs. Mais pas pour les raisons qu’on pourrait espérer. Un scandale retentissant, révélé par La Libre Afrique du 3 mars 2025, accuse la famille du président Félix Tshisekedi de transformer cette région en un coffre-fort personnel, siphonnant des milliards de dollars au nez et à la barbe d’une population laissée dans la misère.

DES RICHESSES COLOSSALES DETOURNEES

Au cœur de l’affaire : les tailings de la Gécamines, ces résidus miniers qui regorgent de cuivre (29,8 millions de tonnes) et de cobalt (1,9 million de tonnes), pour une valeur estimée à 320 milliards de dollars. Des sites comme le Remblai 401 et le Remblai 611, véritables mines d’or modernes, seraient exploités illégalement, générant des dizaines de millions de dollars chaque mois. Mais où atterrit cet argent ?

Selon les enquêtes, il disparaît dans les poches de la famille Tshisekedi et de leurs alliés – des opérateurs chinois, libanais et indiens en tête.

Des ministres clés, comme ceux de la Défense et de l’Intérieur, sont soupçonnés de tremper dans le scandale, empochant des « enveloppes » pour fermer les yeux. Plus troublant encore : la Garde républicaine, censée protéger le pays, serait déployée pour sécuriser ces opérations illicites. Si ces allégations se confirment, elles trahissent un détournement flagrant des forces de l’État au service d’intérêts privés.

UN CODE MINIER BAFOUE

Le nouveau code minier de 2018 promettait monts et merveilles : des revenus pour les infrastructures locales, un avenir meilleur pour les Katangais. Sept ans plus tard, c’est un mirage. Dans la province de Lualaba, plus d’un milliard de dollars auraient été détournés depuis 2018 via des comptes de gouverneurs ou des projets opaques. Fonarev, une entité pilotée par la première dame, et la « Bourse d’excellence », gérée par son épouse, sont pointées du doigt comme des canaux de siphonnage.

Et ce n’est pas tout. Les sous-traitants, qui brassent 10 milliards de dollars par an, sont sous la coupe de la famille présidentielle. Des droits d’accès aux tailings, valant des centaines de millions, sont bradés pour 20 millions de dollars – une aubaine pour les initiés, un vol pour le pays.

MISERE ET DESASTRE ECOLOGIQUE

Pendant ce temps, le Katanga s’enfonce. Les routes sont des pistes impraticables, les hôpitaux des coquilles vides, et la Gécamines, l’ancien fleuron minier qui emploie encore 9 000 personnes, frôle la faillite. Les salaires sont amputés, les licenciements pleuvent, et les victimes d’accidents sont abandonnées, en violation des lois du travail.

L’environnement paie aussi un lourd tribut. L’exploitation sauvage menace de transformer Lualaba en un « grand trou pollué », avec des conséquences irréversibles pour la santé des habitants et la biodiversité.

UNE COLERE QUI GRONDE

Politiquement, le scandale attise les braises. Les Katangais, excédés par un pouvoir central perçu comme prédateur, se tournent vers des mouvements fédéralistes. Des figures comme Corneille Nangaa et l’AFC/M23 surfent sur cette frustration, prônant l’autodétermination. Moïse Katumbi, ex-gouverneur du Katanga, a lui aussi dénoncé ces dérives, réclamant une refonte du secteur minier.

UN ECHO INTERNATIONAL

L’affaire dépasse les frontières. En Belgique, une plainte se prépare sous la houlette de Me Bernard Maingain et d’avocats congolais. Elle vise des membres de la famille Tshisekedi – certains de nationalité belge – ainsi que des opérateurs chinois, pour corruption et blanchiment. Une bombe diplomatique en perspective, qui pourrait tendre les relations avec la Chine, partenaire économique stratégique de Kinshasa.

Des rapports d’Africa Intelligence et KT Press enfoncent le clou, citant notamment Christian Tshisekedi, frère du président, dans des deals troubles avec des firmes minières.

UNE PRESIDENCE FRAGILISEE

Ce n’est pas le premier scandale à éclabousser Félix Tshisekedi. En 2022, un conseiller stratégique avait claqué la porte après des révélations compromettantes. Aujourd’hui, ces nouvelles accusations pourraient faire vaciller une coalition déjà chancelante. Économiquement, elles repoussent les investisseurs étrangers, alors que la RDC, qui fournit 70 % du cobalt mondial, ne capte que 3 % de sa chaîne de valeur – 300 milliards de dollars engloutis par la corruption et la gabegie.

VERS L’ABIME OU LA REDEMPTION ?

Si rien ne change, le Katanga risque de devenir le détonateur d’une crise majeure.

Pour éviter le pire, Kinshasa doit frapper fort : enquêtes transparentes, respect des lois minières, redistribution des richesses aux communautés. Mais le défi est titanesque, surtout vu l’identité des personnes impliquées (des intouchables) et le temps presse. La pression internationale, via des actions comme la plainte belge, pourrait forcer des comptes. Reste à savoir si cela suffira à sortir le Katanga – et la RDC – du gouffre et des pertes pour le contribuable congolais, qui subit un manque à gagné correspondant à une douzaine de fois de son budget annuel, alors que le pays est inventorié, par la Banque Mondiale, comme le quatrième pays le plus pauvre au monde pour son revenu par habitant.

Résistant Congolais


Sources :

La Libre : « RDC : Le Katanga est devenu le coffre-fort de la famille Tshisekedi »

Africa Intelligence : « Tshisekedi clan involved in former Katanga province’s mining wild west »

KT Press : « DR Congo: The Tshisekedi Family is Looting Katanga Dry »

Copperbelt Katanga Mining : « Moïse Katumbi Exposes Corruption Scandal »

African Business : « Can Tshisekedi clean up DRC’s mining sector? »

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