VOICI UNE INSTANTANEE DE LA SITUATION MILITAIRE ET DIPLOMATIQUE EN RDCONGO, A LA DATE DU 22/02/2025


Kinshasa, 22 février 2025 – 16h30 – Dans l’est de la République Démocratique du Congo, le fracas des armes ne s’éteint pas. Alors que les provinces du Nord et du Sud Kivu s’enfoncent dans un chaos méthodiquement orchestré, une lueur d’espoir diplomatique a jailli vendredi depuis New York : le Conseil de Sécurité de l’ONU a frappé du poing sur la table. Pour la première fois, il a pointé du doigt le Rwanda, sommé de retirer ses troupes, et ordonné à l’M23 de ranger les fusils et de dissoudre ses administrations fantoches.
Mais sur le terrain, la réalité raconte une tout autre histoire.
Dans le Nord Kivu, la guerre dessine des lignes de fracture mouvantes. À Lubero, les soldats ougandais de l’UPDF, déployés en nombre croissant le long de la N2, jouent les gendarmes. Ils ont repoussé l’M23 de quelques villages fraîchement conquis, érigeant une barrière invisible autour d’Alimbongo. Objectif : protéger le chef-lieu et la ville stratégique de Butembo. Yoweri Museveni, maître de cette opération, veille sur ses intérêts – café, cacao, projets routiers – tout en ménageant une coexistence fragile avec les forces congolaises, désorganisées, et leurs voisins ruandais, tapis quelques kilomètres plus au sud.
Plus à l’ouest, à Walikale, l’M23 et les troupes de Kigali avancent avec une précision chirurgicale vers Pinga. Ce bout de jungle, gorgé d’or, est un trophée convoité depuis des mois. Attaqués par le nord-est et le sud, les rebelles resserrent l’étau, profitant des routes de la N3 pour rêver d’horizons plus larges. À Masisi, le tribut humain s’alourdit : Jerry Muhindo, humanitaire de Médecins Sans Frontières, a succombé à ses blessures après un échange de tirs entre l’M23 et les FARDC alliées aux Wazalendo. Il est le troisième civil à tomber sous les balles perdues dans cet hôpital en 2025.
Au Sud Kivu, l’avancée semble inexorable. Sur la N2, l’M23 et les RDF marchent vers Mwenga et Kamituga, Kindu en ligne de mire, sans que rien ne semble pouvoir les arrêter.
À Uvira, abandonnée par l’armée régulière, le vide sécuritaire s’est rempli de cris, de pillages et de sang. Pourtant, à Bukavu, l’M23 tente une autre partition : écoles rouvertes, radios rallumées dès lundi. Une occupation qui se drape de normalité.
Pendant ce temps, à Kinshasa, Félix Tshisekedi joue ses cartes. Vendredi, il a gracié Jean-Marc Kabund, jadis pilier de son parti, l’UDPS, avant une réunion de sa majorité ce samedi. Un geste pour ressouder ses rangs face à une tempête militaire et politique, alors que Corneille Nanga, cerveau des élections truquées de 2018, pilote désormais l’Alliance du Fleuve Congo, bras politique de l’M23.
À New York, l’ONU a fait tonner sa voix. Mais dans les collines du Kivu, où l’or brille plus fort que les résolutions, le silence des armes reste une chimère.
La guerre, elle, se poursuit…
Résistant Congolais