BUNIA ET UVIRA: LE PROCHAIN ECHIQUIER EXPLOSIF DE L’EST DE LA RDC

Dans l’est de la RDC, les villes de Bunia et Uvira se transforment en véritables foyers de tensions. Situées en bordure de l’Ouganda et du Burundi, ces localités stratégiques sont aujourd’hui au cœur d’une confrontation aux répercussions géopolitiques majeures, mêlant acteurs locaux et ambitions régionales.

Un terrain stratégique aux enjeux multiples

Bunia et Uvira ne sont pas de simples points sur la carte. Leur position géographique en fait des plaques tournantes pour le contrôle des voies logistiques et des approvisionnements, essentielles pour toute opération militaire. Pour les groupes rebelles du M23/AFC, ces villes représentent des tremplins indispensables pour mener des actions de déstabilisation de l’État congolais, en direction de l’Est et du côté Nord Oriental de la RDCongo. Parallèlement, l’intervention de l’armée ougandaise, à côté de la Rwandaise, que ce soit par un soutien logistique ou par une présence plus directe, menace de transformer ces affrontements en une lutte à grande échelle.

Une menace inattendue venue du sommet ougandais

Dans un rebondissement inquiétant, des informations font état d’une menace explicite du chef d’état-major de l’armée ougandaise à l’encontre de Bunia. Selon plusieurs déclarations publiques, ce haut responsable, le Général Muhoozi Kainerugaba, commandant de l’armée ougandaise depuis 2024 et fils du Président Museveni, ne se contenterait pas de menacer la ville stratégique et chef-lieu de la province de l’Ituri; il envisagerait également de se rallier aux rangs des rebelles du M23/AFC. Ce possible alignement apporterait au groupe dissident non seulement un poids logistique accru, mais aussi une expertise stratégique redoutable, susceptible de modifier en profondeur l’équilibre des forces dans la région.

La tactique du guérilla et la force conventionnelle

Les rebelles, forts de leur connaissance du terrain, privilégient la guérilla : embuscades, attaques éclair et frappes surprises rythment leur quotidien. Cette approche asymétrique leur permet de frapper rapidement et efficacement, exploitant les failles de l’armée congolaise et avancer. Cependant, l’éventuelle implication accrue de l’armée ougandaise, à côté de la rwandaise, pourrait faire basculer le conflit vers des affrontements plus structurés, avec des unités régulières se livrant à des opérations de plus en plus conventionnelles pour prendre le contrôle de zones clés.

Les forces armées congolaises (FARDC) devront alors adopter une défense en profondeur, sécurisant les axes vitaux et lançant des contre-attaques ciblées pour isoler les poches de résistance. La coordination et le renforcement du renseignement seront cruciaux pour contenir l’avance ennemie mais la réalité du terrain des opération ne penche pas en faveur des forces régulières de la RDCongo, en pérenne « repli stratégique ».

Trois trajectoires pour l’avenir

La situation pourrait évoluer selon trois scénarios principaux :

-L’ Escalade régionale

Si les rebelles bénéficient d’un soutien logistique et stratégique renforcé par l’armée ougandaise et rwandaise – avec le spectre du chef d’état-major se rapprochant du M23 – le conflit risque de dépasser largement les frontières de la RDC. Une telle escalade impliquerait une lutte aux enjeux internationaux, susceptible de redessiner la carte géopolitique de la région.

– La Guerre d’usure

Dans le cas où les FARDC parviennent à contenir les offensives ennemies par une défense bien orchestrée, sans plus reculer, la région pourrait se retrouver engluée dans une guerre d’usure.

-Une Initiative diplomatique sous pression

Face aux lourds coûts humains et matériels d’une escalade, la pression internationale et régionale pourrait forcer les parties à entamer des négociations. Une médiation par des instances telles que l’Union Africaine pourrait alors ouvrir la voie à un cessez-le-feu temporaire, même si la méfiance entre les protagonistes et le refus de Kinshasa de négocier avec les rebelles demeure un obstacle majeur à une paix durable.

Un équilibre précaire entre force militaire et diplomatie

Au cœur de cette conjoncture explosive, la rapidité et la coordination des forces congolaises seront déterminantes pour contrer l’avancée des rebelles et limiter l’influence ougandaise et rwandaise. Le renforcement des capacités de renseignement et de logistique s’avère indispensable pour anticiper les manœuvres ennemies. Parallèlement, la RDC doit impérativement mobiliser des initiatives diplomatiques pour contenir la menace grandissante, notamment celle liée au possible ralliement du chef d’état-major ougandais aux rangs du M23, déjà soutenu par le Rwanda, qui pourrait transformer le conflit en une crise régionale aux proportions inédites.

Conclusion

Les villes de Bunia et Uvira ne sont pas de simples points de conflit: elles incarnent le cœur d’une lutte aux enjeux stratégiques majeurs, surtout en cette phase de ce conflit africain.

Entre la tactique de la guérilla et la puissance des forces conventionnelles, et avec l’ombre d’une alliance militaire entre hauts responsables militaires ougandais et rwandais avec les rebelles du M23/AFC, l’avenir reste incertain. Qu’il s’agisse d’une escalade régionale, d’une guerre d’usure ou d’une percée diplomatique, l’équilibre entre force militaire et dialogue sera déterminant pour éviter une déstabilisation plus large -et peut être totale -de la RDCongo.

Après l’annonce d’un pacte de non-agression conclu entre le Burundi et le Rwanda et la demande des rebelles du M23/AFC, adressée au Burundi, de quitter, avec ses troupes, la plaine de la Ruzizi, il est fort probable de s’attendre une percée du M23/AFC dans ce territoire, en direction de l’axe Uvira-Kalemie et peut être Kindu, alors que l’Ouganda pourrait avancer dans l’axe Bunia-Kisangani.

Tout cela se matérialise alors que Kinshasa semble incapable d’anticiper, sur le terrain, une action défensive en direction de ces deux axes.

Présentement, Uvira est victime d’affrontements internes entre FARDC et réservistes dits « wazalendo » qui s’ attaquent violemment aux forces régulières, semble-t-il, pour essayer de les empêcher de quitter le défense de la ville; en ce qui concerne Bunia, la psychose commence à toucher la population qui craint la mise en application, par le Général Muhoozi Kainerugaba, de sa menace d’occuper le chef-lieu de l’ Ituri par les troupes ougandaises qu’il commande, alors que certains officiels congolais ont déjà quitté la ville.

Interviewée par Reuteurs à Addis Abeba le 15/02/25, la Première Ministre de la RDCongo, Judith Suminwa, n’ a pas voulu commenter les menaces de l’Ouganda – jusqu’ à ce moment, un « allié » de Kinshasa dans la lutte contre les rebelles ADF/Nalu – envers Bunia et la RDCongo.

Il est évident que la stratégie de l’autruche n’aidera pas la RDC à défendre les villes de Bunia et Uvira et anticiper les avancée des rebelles dans ces axes.

Résistant Congolais

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