Tshisekedi absent au sommet SADC-EAC: quand le silence diplomatique ouvre la voie au chaos

Alors que la fumée de la guerre continue de s’élever à l’Est de la RDC, une rencontre stratégique s’est tenue à Dar es Salaam, en Tanzanie, entre la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Un sommet crucial pour l’avenir du conflit congolais. Mais un absent de marque a creusé un vide significatif dans ces discussions : Félix Tshisekedi.

Pourquoi le président congolais a-t-il choisi de ne pas se rendre à ce rendez-vous diplomatique de premier plan ? Une question qui agite les cercles politiques. Mais au-delà de cette interrogation, une réalité s’impose: son absence laisse le champ libre à des manœuvres qui pourraient peser lourdement sur l’issue du conflit.

Un leadership en retrait, une voix affaiblie

Dans l’arène diplomatique, l’image est une arme aussi puissante que les alliances. En restant à l’écart, Tshisekedi affaiblit son influence sur les décisions qui se dessinent pour l’avenir du conflit entre les forces régulières de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23/Afc ).

Sans lui à la table des négociations qui ont la RDC comme centre des discussions, d’autres leaders régionaux prennent l’ascendant, négociant en l’absence du principal concerné. Un luxe que la RDC ne peut se permettre, alors que chaque décision prise dans ces instances peut sceller son destin.

Une délégation sans poids politique

À Dar es Salaam, la RDC n’est pas totalement absente. Mais sa représentation est loin d’être à la hauteur de l’enjeu. La Première ministre Judith Suminwa, bien que chef du gouvernement, ne dispose ni de l’envergure politique ni du charisme nécessaires pour porter haut la voix de la RDC face aux chefs d’État présents.

En face d’elle, des poids lourds comme Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), João Lourenço (Angola) et Paul Kagame (Rwanda), habitués aux joutes diplomatiques et rompus aux négociations de crise. Dans ce contexte, la RDC risque de voir son destin scellé sans réellement peser sur les discussions. Une situation préoccupante, car des décisions majeures pourraient être prises sur son territoire… sans elle.

Une aubaine pour Kigali

Dans cette partie d’échecs, le Rwanda joue avec finesse. Accusé de soutenir le M23, Paul Kagame saisit chaque occasion pour légitimer sa position face aux instances régionales. Sans Tshisekedi pour contrer son discours, Kigali peut imposer sa narration, influençant davantage les États membres de l’EAC. Une brèche qui pourrait permettre au Rwanda d’apparaître comme un acteur incontournable du processus de paix, au détriment de la RDC.

Un fossé grandissant entre la SADC et l’EAC

Sur le terrain, deux forces se font face: la SADC, sollicitée par Kinshasa pour une intervention militaire, et la force régionale de l’EAC (EACRF), dont la RDC a officiellement demandé le retrait des troupes pour les remplacer avec celles de la SADC. Un conflit d’agendas qui aurait nécessité une présence ferme de Tshisekedi pour aligner les stratégies politiques et diplomatiques. Son absence ne fait que creuser le fossé entre ces deux blocs, laissant place à des décisions prises sans son aval.

Un risque d’isolement diplomatique

Depuis son adhésion à l’EAC, la RDC peine à trouver sa place au sein de l’organisation. Cette absence pourrait être perçue comme un désintérêt, voire un rejet des mécanismes régionaux, fragilisant ainsi ses relations avec des pays comme le Kenya, l’Ouganda ou la Tanzanie. Un faux pas stratégique, à l’heure où Kinshasa a besoin de bâtir un front uni face aux groupes armés qui sèment le chaos sur son territoire.

Une escalade militaire inévitable ?

Pendant que les diplomates discutent, les armes parlent sur le terrain. L’absence de Tshisekedi à Dar es Salaam intervient à un moment critique, alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, poursuivent leur progression alarmante vers des villes stratégiques.

  • Dans le Sud-Kivu, Bukavu est désormais sous pression. Une avancée du M23/AFC dans cette ville symbolique marquerait un tournant dans le conflit, élargissant l’emprise des rebelles au-delà du Nord-Kivu.
  • En Ituri, les combats se rapprochent de Bunia, une région déjà meurtrie par des années de violences interethniques et les exactions des ADF/Nalu ( rebelles Ougandais) sur les civils.

Si les rebelles y prennent pied, la situation sécuritaire pourrait basculer dans le chaos total.

Loin des tables de négociation, les FARDC peinent à contenir cette double menace, alors que les soutiens régionaux tardent à se coordonner. Pendant ce temps, le risque d’un effondrement des lignes de défense congolaises se fait de plus en plus réel.

Une absence lourde de conséquences

Dans le jeu complexe des relations régionales, chaque sommet est une opportunité de peser sur les décisions. En choisissant de ne pas être à Dar es Salaam, Félix Tshisekedi a laissé le champ libre à ses adversaires et affaibli la position de la RDC.

Dans une guerre où chaque geste diplomatique est un levier stratégique, le silence congolais résonne comme un aveu de faiblesse. L’histoire retiendra-t-elle cette absence comme une erreur fatale? L’avenir nous le dira. Mais une chose est certaine: quand un pays ne défend pas sa voix, d’autres se chargent de parler à sa place… et rarement en sa faveur.

Résistant Congolais

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