
Kinshasa, République démocratique du Congo — Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi promettait une « nouvelle ère » pour la RDC. Pourtant, ses choix de collaborateurs, marqués par des soupçons de favoritisme tribal et politique, jettent une ombre sur ses ambitions réformatrices. Des nominations clés, critiquées pour leur manque de transparence et d’expertise, alimentent les craintes d’un retour à des pratiques clientélistes qui minent la crédibilité du régime.
Sécurité nationale: un conseiller contesté, des doutes persistants
Eberande Kolongele, nommé hier conseiller spécial en sécurité, incarne les contradictions du pouvoir. Cet homme de l’ombre, sans expérience avérée en gestion de crise, est propulsé à un poste stratégique… dans un pays en guerre. Alors que l’Est de la RDC sombre dans le chaos, sa nomination est perçue comme un calcul politique. « C’est un signal désastreux: on privilégie la loyauté au détriment de la compétence », dénonce un analyste sécuritaire sous couvert d’anonymat.
Défense : Guy Muadiamvita, l’inconnu infirmier du ministère-clé
À la tête d’un budget de 1,4 milliard de dollars par an et d’une armée en déroute, Guy Muadiamvita, ministre de la Défense, reste un mystère. Peu médiatique, absent des débats sur la réforme des FARDC, son profil (ancien infirmier) contraste avec l’urgence des défis. « Comment peut-on confier la sécurité nationale à un homme sans vision ni légitimité et encore moins compétences militaires sur le terrain? », s’interroge un colonel en poste à Goma. Pendant ce temps, les massacres à Beni et les avancée des M23 vers Bukavu, chef lieu du Sud Kivu, se multiplient, sans réponse stratégique crédible mais plutôt des embarrassants discours superficiellement plagiés qui déshonorent Muadiamvita, surtout après la chute de Goma, chef lieu du Nord Kivu, tombée sous le contrôle des rebelles.
Diplomatie : Thérèse Kayikwamba Wagner, une ministre novice ?
Thérèse Kayikwamba Wagner, aux Affaires étrangères, cristallise les frustrations. Alors que la RDC tente de s’imposer comme un acteur continental (présidence de la SADC, tensions avec le Rwanda), sa gestion est qualifiée de « timorée » par des diplomates occidentaux. Sa discrétion sur le dossier brûlant des minerais de conflit inquiète. « Elle n’a pas le poids pour négocier avec des partenaires aguerris », lâche un membre de la société civile congolaise. Les retombés négatifs des négociations de Luanda et de Nairobi confirment cette critique de celle qui a amené « la rue » dans le débat au Conseil de sécurité.
Judith Suminwa, Première ministre: une totale absence de charisme
Judith Suminwa Tuluka, première femme à diriger le gouvernement, aurait pu porter les espoirs d’une génération. Mais derrière le symbole, se cache une réalité plus sombre. Économiste, elle est pourtant accusée de servir de caution à un système verrouillé et corrompu. « Son cabinet est une mosaïque de quotas politiques, pas une équipe de choc», critique un député de l’opposition. Entre inflation à 25 % et chômage endémique, son plan de relance tarde à convaincre et à se concrétiser.
Le risque d’un naufrage institutionnel
Les conséquences de ces choix se mesurent déjà :
l’Est en feu: malgré les promesses, les FARDC restent sous-équipées et minées par la corruption.
Dette publique explosive : 10 milliards de dollars d’endettement, alors que Tshisekedi avait hérité d’ une dette presque nulle !
Une jeunesse désillusionnée : 70 % des moins de 25 ans jugent le gouvernement « inefficace ».
« Tshisekedi joue avec le feu, prévient un ancien ministre sous Kabila. En ignorant la compétence, il prépare une crise de légitimité. »
La RDC au bord de l’implosion ?
Félix Tshisekedi a hérité d’un pays qui avait vaincu les rebelles du M23. Mais ses nominations, perçues comme des calculs ethno-régionaux, risquent d’aggraver les fractures au sein de la société congolaise. Alors que la MONUSCO aurait du quitter le pays en 2024 mais elle a décidé de jouer aux prolongations, la communauté internationale observe, sceptique. Sans un sursaut méritocratique, le rêve d’un « Congo puissant » pourrait se dissoudre dans les eaux troubles du tribalisme et de l’incompétence.
À Kinshasa, des graffiti résument l’ambiance : « Le peuple d’abord, mon œil ! ». La critique, lourde de colère, plane sur le Palais de la Nation comme un nuage très sombre à l’horizon.
Résistant Congolais