
« Réduction du train de vie des institutions en RDC : le gouvernement Suminwa frappe les fonctionnaires et épargne les salaires pharaoniques des élites »
Kinshasa, 04/02/2025 — Sous couvert de « rigueur budgétaire », le gouvernement Suminwa suscite l’indignation en s’attaquant une nouvelle fois aux fonctionnaires, déjà étranglés par la précarité, plutôt qu’aux dépenses pharaoniques des institutions politiques.
Alors que la RDC traverse une crise sécuritaire dans l’Est, aggravée par l’offensive du M23/AFC soutenu par Kigali, la décision de suspendre la mécanisation de 11 500 agents publics — économisant à peine 27,7 millions de dollars réaffectés à la défense — est perçue comme un écran de fumée, quand on sait que les institutions absorbent au moins le 67% du budget national.
Derrière cette mesure se cache une réalité accablante : les véritables gaspillages du pays, miné par la pauvreté, proviennent des salaires indécents et des privilèges exorbitants de l’élite politique.
Les fonctionnaires, éternels sacrifiés
Avec un salaire moyen de 200 dollars par mois, en deçà du seuil de pauvreté, les agents publics survivent, tandis que députés et ministres s’octroient des rémunérations allant jusqu’à 20 000 dollars mensuels. Pire: les institutions politiques (Présidence, Parlement, cabinets ministériels) engloutissent 67 % du budget national, selon la Cour des comptes, pour financer missions luxueuses, véhicules haut de gamme et gratifications opaques. En 2023, le budget de la présidence de la République a bondi de 20 %, sans justification, quand les salaires des enseignants et médecins stagnent.
« C’est un système à deux vitesses : les élites vivent dans l’opulence, le peuple dans la survie », dénonce un syndicaliste, sous couvert d’anonymat.
27 millions d’économies : une goutte d’eau face au gaspillage des élites
La suspension des 11 500 postes civils, présentée comme un « effort patriotique », est un leurre. Les 27,7 millions de dollars économisés représentent à peine 0,7 % du budget annuel des salaires. Une somme dérisoire comparée aux dépenses somptuaires des institutions :
- Un ministère compte jusqu’à 50 « conseillers spéciaux », chacun grassement payé.
- Les frais de « représentation » et missions internationales non prioritaires siphonnent des millions de dollars.
- Les salaires des élus, 100 fois supérieurs à ceux des fonctionnaires, restent intouchables.
« Pourquoi ne pas plafonner les indemnités des députés plutôt que de bloquer l’embauche d’infirmiers, par l’arrêt de leur « mécanisation » ? », s’insurge une enseignante de Goma.
Le mirage des réformes : la colère gronde
Cette mesure « court-termiste » risque d’enflammer un terrain social déjà explosif, surtout car elle suit une suspension par Mme Suminwa de l’actualisation du salaire minimum, tel que proposé récemment par le ministre du travail.
Les fonctionnaires, exsangues, menacent de descendre dans la rue : « On nous demande toujours de serrer la ceinture, jamais eux », lance un agent de l’administration. Et d’ailleurs, la ville morte déclarée ce 04/02/2025 à Kinshasa, a comme motivation aussi l’ « arnaque de la réduction du train de vie des institutions » telle qu’annoncée par le Président Tshisekedi lors de son discours à la nation le 29/01/2025 mais qui a été interprétée, par le gouvernement Suminwa, comme une « réduction du train de vie des fonctionnaires« .
Les partenaires internationaux, complices par leur silence, financent un système inégalitaire: l’aide étrangère, vitale pour le budget, n’est jamais conditionnée à une réduction des privilèges des dirigeants.
Solutions ignorées: l’hypocrisie d’un pouvoir sourd
Les pistes de réforme existent, mais le gouvernement les ignore :
- Plafonner les salaires des élus à 5 000 USD/mois (au lieu de 20 000) et des membres du gouvernement.
- Supprimer les avantages superflus (voitures de luxe, missions en première classe).
- Fusionner les institutions redondantes et publier les dépenses en open data, avec plus de transparence.
- Sanctionner les abus via la saisie des biens mal acquis.
« La transparence est la première victime de ce régime », accuse un responsable d’ONG de lutte contre la corruption.
Conclusion: l’urgence de changer de cible
Le président Tshisekedi promet des réformes, mais son propre budget a augmenté. Sans un gel immédiat des dépenses politiques, une réduction drastique des effectifs pléthoriques des cabinets ministériels et un audit indépendant, la colère sociale risque de se muer en révolte.
La RDC, classée parmi les pays les plus pauvres au monde, ne peut plus se permettre les extravagances et le luxes de ses élites au détriment de son peuple.
« L’arnaque de la réduction cosmétique du train de vie des institutions, ne passe pas dans l’ opinion publique congolaise» et suggère encore l’image du gouvernement Suminwa toujours déconnecté de la réalité.
Résistant Congolais