MATATA PONYO CONDAMNE A 10 ANS DE PRISON PAR LA COUR CONSTITUTIONNELLE POUR DETOURNEMENT DE FONDS

Dans une décision retentissante, la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a condamné ce mardi 20 mai 2025 Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, à 10 ans de prison ferme pour détournement de fonds publics dans l’affaire Bukanga Lonzo.

Ce verdict, attendu avec fébrilité, marque un tournant dans une saga judiciaire aux accents politiques mais aussi symbolisant la lutte contre la corruption et les détournements des fonds publiques.

UN SCANDALE A 285 MILLIONS DE DOLLARS

L’affaire Bukanga Lonzo, du nom d’un projet agro-industriel lancé en 2014 pour sécuriser l’approvisionnement alimentaire de Kinshasa, a viré au cauchemar financier. Doté d’un budget de 285 millions de dollars, le projet s’est effondré sous le poids d’irrégularités massives. Selon l’Inspection générale des finances (IGF), pas moins de 245 849 413 USD auraient été détournés, pointant du doigt Matata Ponyo, alors chef du gouvernement, ainsi que ses co-accusés, Déogratias Mutombo, ex gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobler, homme d’affaires sud-africain.

Le 23 avril 2025, le procureur général près la Cour constitutionnelle a frappé fort, réclamant 10 ans de travaux forcés et 10 ans d’inéligibilité pour Matata Ponyo, un verdict jugé par défaut après que l’accusé, invoquant son immunité parlementaire, a refusé de comparaître.

Ce mardi, la Cour a tranché sans ambiguïté, confirmant une peine de 10 ans, un signal clair dans un pays où la lutte contre la corruption est devenue un étendard politique.

Immunité balayée, tensions institutionnelles

Élu député national fin 2023, Matata Ponyo a tenté de se retrancher derrière son immunité parlementaire, arguant que la Cour violait l’article 107 de la Constitution. Mais la plus haute juridiction du pays a balayé cet argument, rappelant que les faits reprochés – antérieurs à son mandat – ne bénéficiaient d’aucune protection. La Cour a également révélé que le Sénat avait déjà levé les immunités de Matata Ponyo, alors sénateur, dans le cadre de cette affaire. Une jurisprudence, citée par les juges, a scellé le sort de l’accusé : aucune autorisation supplémentaire n’était requise pour le poursuivre.

Ce bras de fer juridique a enflammé les tensions entre la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale, dirigée par Vital Kamerhe. Fin avril, Kamerhe avait exigé la suspension des poursuites, sans succès.

Le 4 mai, le président de la Cour a réaffirmé l’indépendance judiciaire, rejetant toute interférence.

Une arrestation imminente ?

Avec un mandat d’arrêt émis dès le 23 avril 2025, la condamnation de Matata Ponyo ouvre la voie à une arrestation immédiate. En RDC, les condamnations pour corruption, surtout assorties de mandats préalables, mènent souvent à une exécution rapide. La Cour constitutionnelle, dont les jugements sont définitifs et insusceptibles de recours, laisse peu de marge de manœuvre à la défense alors que la Cour a demandé l’arrestation immédiate du condamné.

Le verdict intervient dans un climat politique tendu, où la lutte contre la corruption, portée par le président Félix Tshisekedi, est scrutée à la loupe. La condamnation de Matata Ponyo, ancien allié de Joseph Kabila, marque le tournant d’une justice enfin intraitable face aux élites cleptocratiques.

UN TOURNANT POUR LA RDC

Bukanga Lonzo, symbole d’espoirs déçus, devient le tombeau judiciaire d’un homme politique, Matata Ponyo, qui incarnait, il y a une décennie, la puissance politique et économique.

Sous sa primature, plus de 700 prisonniers politiques furent embastillés.

Pour la première fois dans l’histoire judiciaire de la RDCongo, un ancien premier Ministre a été jugé et condamné par un tribunal civil pour détournement de fonds publiques.

Résistant Congolais

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