
DOHA, Qatar — Les espoirs d’une résolution pacifique du conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo s’amenuisent alors que les négociations de paix, orchestrées par le Qatar à Doha, semblent au bord de l’effondrement.
Lancées en mars 2025, ces discussions entre le gouvernement congolais et le groupe rebelle M23/AFC, soutenu par le Rwanda, avaient suscité un optimisme prudent. Mais des divergences insurmontables, aggravées par une reprise des combats autour de la ville stratégique de Walikale, menacent de plonger la région dans une nouvelle spirale de violence.
Un élan initial brisé par des exigences non satisfaites
Les pourparlers avaient démarré sur une note encourageante. En avril, le M23, qui contrôle des bastions clés comme Goma et Bukavu, riches en minerais, avait marqué des points en se retirant de Walikale, un geste interprété comme un gage de bonne foi. Cet élan s’est toutefois rapidement essoufflé. Selon des publications récentes sur X, datées du 22 avril 2025, la délégation du M23 aurait quitté la table des négociations, exaspérée par le refus de Kinshasa de libérer 700 prisonniers swahiliphones et de garantir l’annulation des poursuites judiciaires contre ses dirigeants. Bien que ces informations n’aient pas encore été confirmées par des sources officielles, elles mettent en lumière les obstacles majeurs qui freinent le processus de paix.
Une situation militaire explosive
Sur le terrain, la situation se détériore à vive allure. Le retrait du M23/AFC de Walikale, initialement perçu comme un pas vers la désescalade, semble n’avoir été qu’une pause temporaire.
Des informations récentes indiquent une reprise des combats autour de cette ville stratégique du Nord-Kivu, théâtre d’affrontements entre le M23 et les forces pro-gouvernementales, incluant les milices Wazalendo et les Forces armées de la RDC (FARDC). Ces violences, signalées après le retrait partiel du M23/AFC en avril, soulignent la fragilité du cessez-le-feu négocié à Doha. Si les pourparlers échouent définitivement, le M23/AFC, fort de ses gains territoriaux et de ses ressources financières tirées des zones minières, pourrait intensifier ses offensives, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique. Avec plus de sept millions de déplacés dans l’est du pays, une nouvelle vague de combats risque de se transformer en tsunami humanitaire.
Des tensions politiques et régionales à haut risque
L’impasse diplomatique à Doha a des répercussions bien au-delà du champ de bataille. À Kinshasa, le président Félix Tshisekedi est sous pression, critiqué pour sa gestion du conflit. Un échec des négociations pourrait fragiliser son leadership et alimenter les tensions internes, notamment dans un contexte où l’opposition cherche à capitaliser sur les failles du gouvernement. Sur le plan régional, les relations entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir le M23/AFC, se tendent davantage.
Une rumeur, rapidement démentie, a par ailleurs attribué à l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, une déclaration selon laquelle les deux parties manqueraient de volonté pour la paix, laissant entendre que « le plus fort l’emportera ». Aucune source fiable n’a corroboré cette affirmation, qui contraste avec les efforts discrets mais soutenus de Doha pour maintenir le dialogue. Mais vu la degradation de la situation militaire sur le terrain, il y a peut être un fond de vérité.
Un avenir incertain
Alors que les combats reprennent autour de Walikale et que les pourparlers de Doha vacillent, l’est de la RDC se trouve à un tournant critique. Un accord, même partiel, pourrait encore ouvrir la voie à une désescalade, mais les signaux actuels pointent vers une rupture imminente.
Si les négociations s’effondrent, la région risque de sombrer dans un cycle de violence accrue, avec des conséquences humanitaires et géopolitiques dévastatrices. Les prochains jours seront décisifs pour déterminer si la diplomatie peut encore prévaloir face à la montée des tensions et la reprise fracassantes des bruits des canons.