LES MOBONDO : UNE OMBRE SANGLANTE TOUJOURS ACTIVE A L’OUEST DE LA RDC, OU LA FAMINE FRAPPE DUREMENT

kwamouth, province de Maï-Ndombe, juin 2022. Une attaque éclate, brisant un fragile accord de paix. Cinq corps gisent dans la poussière, dont des soldats. Ce n’est qu’un début. Trois ans plus tard, l’ouest de la République démocratique du Congo est à feu et à sang.

La milice Mobondo, insaisissable et brutale, ravage les provinces de Maï-Ndombe, Kwango, Kongo-Central et Kwilu. Plus de 3000 morts. 550 400 déplacés, selon l’Eglise Catholique. Et au-delà des armes, une crise silencieuse : la faim, qui frappe sans pitié.

Un conflit aux racines profondes

Tout part d’une étincelle ethnique. Les Yaka, souvent recrutés par la milice, s’opposent aux Teke, gardiens ancestraux des terres. Des querelles foncières, vieilles de décennies, se mêlent à des tensions migratoires. Mais le feu ne prend pas seul. Le ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi, avait pointé du doigt des soutiens occultes au sein de l’Assemblée nationale, accusés de manipuler Mobondo pour déstabiliser Kinshasa.

Des allégations lourdes, encore floues, qui trahissent un jeu politique trouble.

Une terreur sans répit

La milice frappe vite, fort, partout. À Salapamba, dans le Kwilu, un affrontement avec la police tue dix miliciens et blesse grièvement un agent. À Parking BRB, des maisons brûlent, des vies s’éteignent. L’Église catholique, impuissante, recense plus de 3 000 victimes depuis 2022. Villages rasés, familles en fuite : la peur règne.

Le 15 juillet 2024, Kinsele, dans le territoire de Kwamouth, sombre dans l’horreur. La milice attaque, laissant au moins 70 morts – civils et soldats confondus. Deux jours avant, l’armée avait repoussé un assaut. En vain. Mobondo revient, plus féroce, alimentée par des disputes sur les terres et les taxes coutumières. Un cycle de vengeance sans fin.

En mars 2025, les forces armées congolaises (FARDC) contre-attaquent. À Lweme, leur offensive déloge la milice de son quartier général. Huit miliciens tombent, leur chef, « Cobra », est blessé. Plusieurs bastions sont repris. Une victoire ? Pas vraiment. Affaiblie, la milice se terre, prête à resurgir.

LA FAIM, L’AUTRE FLEAU

Pendant que les balles sifflent, la malnutrition s’installe.

L’UNICEF alerte : 40 % des enfants congolais – six millions – sont en malnutrition chronique.

Dans les zones contrôlées par la milice Mobondo, particulièrement, l’insécurité coupe l’accès à la nourriture et aux soins.

Au Kwilu, deux millions d’enfants affrontent une malnutrition sévère, selon un récent rapport du World Food Program, soulignant qu’ au Kwilu, près d’un million d’ adultes sont confrontées à la malnutrition chronique.

Champs abandonnés, routes bloquées : le chaos de la milice aggrave une crise humanitaire déjà critique.

UN CRI DANS LE SILENCE

L’ouest de la RDC, à partir de la périphérie de Kinshasa, étouffe, loin des projecteurs braqués sur l’est. Pourtant, la tragédie est là, palpable. Kinshasa doit frapper fort : démanteler les soutiens présumés de Mobondo, sécuriser ces terres déchirées. La communauté internationale, elle, doit sortir de son silence, apporter aide et lumière à ces provinces oubliées.

Chaque jour d’inaction condamne : une vie fauchée, un enfant affamé, une communauté brisée.

Dans ce coin du Congo, le temps presse. Mobondo prospère dans l’ombre, semant mort, la misère et la faim.

L’ouest aussi hurle son désespoir, dans l’indifférence générale.

Qui l’entendra ?

Résistant Congolais

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Mise à jour du 16/04/25: encore un affrontement entre Mobondo et Fardc

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