KINSHASA EN AGONIE : DANIEL BUMBA, LE GOUVERNEUR SPECTATEUR D’UNE VILLE QUI SOMBRE

Kinshasa, 6 avril 2025 — La capitale congolaise est à bout de souffle, engloutie sous des torrents d’eau boueuse qui transforment ce week-end ses artères en fleuves furieux et ses quartiers en champs de ruines.

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Plus de 22 vies fauchées, selon le premier bilan officiel, des familles brisées, des maisons avalées par les flots : les inondations frappent encore, avec une violence devenue tristement banale.

La route vers l’aéroport N’Djili, poumon économique de la ville, est coupée, laissant Kinshasa suffoquer dans son isolement. Au cœur de cette agonie, un homme cristallise la colère et le désespoir des Kinois : le gouverneur Daniel Bumba, dont l’apathie face à une crise prévisible plonge la métropole dans un chaos sans fin.

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Une ville qui noie ses propres enfants

Les images sont saisissantes. Des routes devenues rivières charrient des débris et des immondices qu’aucun service de ramassage ne récolte. Dans le quartier de Masina, Marie, une mère de trois enfants, pleure un mari emporté par l’effondrement d’un mur. « L’eau est arrivée comme une vague, on n’a rien pu faire », murmure-t-elle, hagarde. À quelques kilomètres, des commerçants contemplent, impuissants, leurs étals ravagés par les flots. Les écoles ferment, les centres de santé s’effondrent, et la peur s’installe : quand la prochaine pluie viendra-t-elle tout détruire à nouveau ?

Chaque pluie expose la même vérité : cette ville de millions d’âmes est abandonnée à son sort, livrée à une agonie lente mais implacable.

Daniel Bumba, l’homme qui regarde Kinshasa couler

Depuis son arrivée au pouvoir en juin 2024, Daniel Bumba avait une mission claire : protéger les Kinois des désastres qu’ils savent inévitables. Il a échoué. Face aux inondations, son administration se cantonne à une gestion de crise désespérément réactive. Après chaque catastrophe, il déploie des équipes pour curer les caniveaux gorgés de déchets et promet des mesures d’urgence. « Nous travaillons à limiter les dégâts », a-t-il déclaré en octobre 2024, selon Actualite.cd. Des paroles qui résonnent comme une plaisanterie cruelle pour ceux qui pataugent dans la boue de leurs maisons détruites.

Sa dernière sortie, relayée par The Independent, annonçait fièrement la réouverture progressive de la route de l’aéroport après les pluies d’avril 2025. Une victoire dérisoire, quand les habitants réclament des digues, des canalisations modernes et un urbanisme qui ne les condamne pas à la noyade. Sous Bumba, aucune vision, aucun plan d’envergure. Juste des rustines sur une ville qui prend l’eau de toutes parts, quand elle ne sombre pas sous des tonnes d’immondices.

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Un chaos programmé par l’inaction

L’agonie de Kinshasa n’est pas une fatalité météorologique ; elle est le fruit d’un abandon politique.

Les causes sont criantes : un urbanisme anarchique, des systèmes de drainage datant d’un autre siècle, des constructions illégales qui pullulent dans les zones inondables. Les caniveaux, bouchés par des monceaux d’ordures, transforment chaque averse en apocalypse. PreventionWeb pointe du doigt une gestion désastreuse des déchets et une absence totale de régulation. Pourtant, les solutions existent — elles demandent juste du courage et de la volonté.

Daniel Bumba, lui, préfère les discours aux actes. « Il est interdit de construire dans les zones à risque », répète-t-il après chaque drame, comme un mantra usé jusqu’à la corde (Kivu-Avenir). Mais sur le terrain, les bâtisses sauvages s’élèvent toujours, comme les montagne d’immondices qui bouchent les caniveaux, souvent sous le regard complaisant des autorités.

Les Kinois paient cette inertie de leur vie, de leurs biens, de leur dignité.

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Des cris étouffés par les flots

Les victimes, elles, n’ont plus la force d’attendre. « On vit dans la peur, on ne sait pas si demain on sera encore là », confie un père de famille de Lemba, dont la maison a été inondée trois fois en deux ans. Les chiffres d’UNICEF sont accablants : en 2024, des millions de personnes touchées, sans système d’aide digne de ce nom. Les critiques pleuvent, implacables. « C’est une honte qu’une ville comme Kinshasa soit si mal préparée à des pluies qu’on sait venir », lâche un habitant à InfoNile. Une honte qui porte un nom : Daniel Bumba.

Sortir Kinshasa de l’agonie

Kinshasa ne peut plus se contenter de pansements sur ses plaies béantes. Elle a besoin d’un sursaut, d’un gouverneur qui anticipe plutôt que de subir et qui ne se limite pas à gérer l’agonie de la capitale. Des investissements massifs dans les infrastructures de drainage, une lutte sans merci contre les constructions illégales, une préparation sérieuse aux catastrophes : voilà ce que les Kinois exigent. Ils ne veulent plus de promesses creuses, l’ouverture de « pharmacies » qui ne sont pas une compétence programmatique de l’hôtel de ville, mais des actes qui brisent enfin ce cycle de mort, de désespoir et d’abandon de la capitale de la RDC.

S’il persiste dans son apathie et dans sa somnolence légendaire, Bumba restera dans l’histoire comme le gouverneur mal élu qui a laissé Kinshasa sombrer.

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La ville, elle, n’a plus de temps à perdre : chaque goutte de pluie est un compte à rebours vers le prochain drame, sans aucun plan contre les catastrophes.

Il est temps d’agir, avant que l’agonie ne devienne irréversible, à l’échelle d’un mégalopole privé d’assainissement et de gestion basique de ses infrastructures.

Résistant Congolais

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