KINSHASA A L’AGONIE: DANIEL BUMBA AU CŒUR DU DESASTRE

LA CAPITALE DE LA RDCONGO MERITE MIEUX QU’UN GOUVERNEUR QUI SE CONTENTE DE GERER SON AGONIE.

Kinshasa, mégapole tentaculaire de 17 millions d’âmes, agonise sous le poids de ses embouteillages cauchemardesques et d’une mer d’ordures qui engloutit ses rues.

Depuis avril 2024, Daniel Bumba, fraîchement élu gouverneur, promet monts et merveilles pour sauver la capitale congolaise du chaos. Mais neuf mois plus tard, les Kinois n’y croient plus. Entre accusations de corruption, initiatives boiteuses et une apathie criante face à des défis colossaux, Bumba semble être un énième dirigeant impuissant, englué dans une ville qui sombre à vue d’œil. Voici le récit d’un mandat sous haute tension, où les promesses s’écrasent contre la dure réalité.

UNE ELECTION SOUS LE SCEAU DE LA CONTROVERSE

Dès le départ, Daniel Bumba, membre de l’UDPS, a trébuché sur la ligne de départ. Élu le 29 avril 2024 avec 37 voix sur 47 par les députés provinciaux, son ascension au pouvoir sent le soufre.

Des rumeurs persistantes évoquent des pots-de-vin juteux – voitures offertes aux élus en échange de leurs suffrages – une pratique assumée par Augustin Kabuya, le secrétaire général de son parti, l’UDPS. L’ANR, l’agence nationale du renseignement, saisie du dossier, n’a pas voulu trancher, mais le mal est fait : la légitimité de Bumba est entachée avant même son premier jour en fonction. Les photos des voitures échangées avec les votes en faveur de Bumba circulent sur le réseaux sociaux.

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Kinshasa n’est plus une ville, et encore moins une « capitale » : c’est un champ de bataille.

Les embouteillages y sont une torture quotidienne : des heures perdues dans des taxis jaunes décrépits, surnommés « Esprit de la Mort », ou sur des motos, à trois ou quatre personnes à la fois ou à pied, sur des routes défoncées. Les transports publics ? Un mirage. La société Transco est en faillite et rien n’est fait pour la remplacer ou la relancer. Viviane Yuka, une habitante citée par RFI en juillet 2024, résume l’enfer : marcher devient la seule option viable dans ce capharnaüm urbain. Et puis il y a les déchets. Partout. Les rues croulent sous des montagnes d’ordures, les canalisations bouchées transforment chaque modeste pluie en cauchemar sanitaire. « Kin la Belle » est devenue « Kin la Poubelle » et personne ne semble capable d’inverser la tendance, surtout pas le gouverneur de la ville…

LES PROMESSES AMBITIEUSES DE BUMBA : BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN ?

Face à ce désastre, Daniel Bumba a dégainé un arsenal de projets. En octobre 2024, il lance la réhabilitation de 17 routes autour du marché central – des travaux censés durer jusqu’en février 2025. Il tente aussi une circulation alternée pour désengorger les artères asphyxiées. Côté déchets, il annonce en septembre un plan audacieux avec l’entreprise Kintoko pour transformer les ordures en emplois. Et le clou du spectacle : « Kinshasa ezo bonga », un plan quinquennal à 10,9 milliards de dollars, largement publicisé, dévoilé en août, censé métamorphoser la ville en un havre de modernité.

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Mais soyons sérieux. Neuf mois après son entrée en fonction, où sont les résultats ?

Les routes restent des bourbiers, les embouteillages ne désenflent pas, et les déchets s’accumulent toujours, au point qu’on peut parler de désastre écologique.

Les Kinois, eux, ne voient que des chantiers inachevés et des promesses creuses. Quant au méga-plan « Kinshasa ezo bonga« , son financement reste un mystère dans un pays où l’argent public a la fâcheuse habitude de s’évaporer. Bumba parade, coupe des rubans, mais la ville continue de pourrir sous ses yeux.

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UNE PERCEPTION DESASTREUSE : APATHIE OU COMPLOT ?

Le gouverneur traîne une réputation d’homme dépassé, voire inerte. Les critiques fusent : trop lent, trop mou, lourd et incapable de dompter une crise qui le dévore.

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Certains, comme d’habitude, pourraient soutenir qu’il est victime d’un complot politique, une campagne de désinformation orchestrée pour le faire tomber. Vrai ou pas, ça ne change rien :

les Kinois n’ont que faire des excuses.

En janvier 2025, sa décision d’interdire les manifestations publiques après des heurts violents n’arrange pas son image – un geste perçu comme un aveu d’autoritarisme.

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Les soupçons de corruption, toujours en suspens, aggravent la défiance. Quand bien même il serait innocent, Bumba n’a pas su dissiper le doute. Résultat : un gouverneur isolé, coincé entre une population excédée pour leur enfer quotidien et des adversaires critiques dont le message passe très bien, parmi les kinois…

UN « MANDAT » AU BORD DU GOUFFRE

Attendre de Bumba qu’il règle tout en quelques mois serait certes illusoire. Mais il a lui-même attisé les attentes, avec son discours grandiloquent et il en paye maintenant le prix.

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Ses initiatives, souvent tardives, manquent de punch et de suivi. La coopération avec la Turquie, sollicitée en juillet 2024 pour l’assainissement et la mobilité, aurait pu être une bouée de sauvetage, mais sans transparence ni efficacité, elle risque de n’être qu’un énième mirage ou opération de marketing.

Le temps presse. Les Kinois, las des beaux parleurs, veulent du concret : des routes praticables, des rues propres, un semblant de normalité. Si Bumba ne livre pas vite quelques résultat probant, il risque de rejoindre la longue liste des gouverneurs engloutis par les défis de Kinshasa.

KINSHASA A LA CROISEE DES CHEMINS

La capitale congolaise est déjà à un point de rupture. Daniel Bumba patauge dans une crise qui le dépasse. Ses projets, aussi séduisants soient-ils sur le papier, peinent à sortir du stade des annonces. Entre corruption, inertie et une ville au bord de l’effondrement, son mandat ressemble à un pari risqué.

KINSHASA MERITE MIEUX QU’UN GOUVERNEUR QUI SE CONTENTE DE GERER L’AGONIE.

La question est simple : Bumba, ancien « cambiste » et protégé par Marthe Kasalu et Augustin Kabuya, sera-t-il l’homme du sursaut ou celui du naufrage de la capitale ?

Le dernier accident dont il aurait été le protagoniste, il y a quelques jours, au volant de sa voiture et qui a couté la vie à un motard, ne rehausse certainement pas son estime auprès des Kinois

Pour l’instant, Bumba incarne parfaitement tous les maux du régime Tshisekediste : corruption, incompétence, clientélisme et apathie.

Et en attendant, Kinshasa se meurt….

Résistant Congolais

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