
Kinshasa, 26 mars 2025 – Un nouveau scandale de corruption secoue la République démocratique du Congo (RDC). Dans un communiqué percutant publié le 21/03/25, le Ministère de la Justice et Garde des Sceaux annonce des poursuites judiciaires contre les responsables du détournement de 10 millions USD destinés au développement de Muanda (ou Moanda), une ville côtière de la province du Kongo-Central.
Ces fonds, alloués pour des projets d’électrification et de lutte contre l’insécurité, auraient été détournés, laissant les habitants dans l’obscurité et l’insécurité, trois ans après leur déblocage.
Une compensation pétrolière envolée
Selon des révélations de la Ligue congolaise contre la corruption (LICOCO), les 10 millions USD proviennent d’une négociation entre le gouvernement congolais et Perenco, une société pétrolière française qui exploite les champs pétroliers de Muanda depuis 2001.
En 2021, lors du renouvellement de son permis d’exploitation, Perenco s’était engagée à soutenir des projets de développement local pour compenser les impacts environnementaux de ses activités, notamment la pollution des sols et l’augmentation des maladies respiratoires, documentées dès 2013 par une commission d’enquête du Sénat congolais.
Ces fonds, débloqués en faveur du trésor public suite à cette négociation, étaient censés électrifier Moanda et renforcer ainsi la sécurité dans cette ville stratégique, située à l’embouchure du fleuve Congo.
Mais trois ans plus tard, le constat est amer : rien de concret n’a été réalisé. Ernest Mpararo, président de LICOCO, ne mâche pas ses mots : « Depuis 2021, ces fonds ont été mis à disposition, mais il n’y a ni électricité ni sécurité à Muanda. La commission de gestion des fonds, installée à Kinshasa au lieu de Muanda, ponctionne cet argent pour des salaires, des frais de mission et des dépenses inéligibles. » Plus troublant encore, aucun appel d’offres n’a été lancé pour sélectionner des prestataires, un signe flagrant de mauvaise gestion, voire de détournement, selon LICOCO.
LA COMMISSION SE DEFEND, MAIS LES DOUTES PERSISTENT
Face à ces accusations, la Commission de gestion des fonds Moanda (CGFM), créée par une décision du ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, le 18 mars 2022, rejette toute malversation. Jean Paul Makengo, directeur de cabinet de la présidente de la commission, affirme que les fonds n’étaient pas exclusivement destinés à l’électrification. « Le texte est clair : notre rôle est de concerter avec la population et de mettre en œuvre des projets de développement pour Muanda, pas seulement l’électrification », insiste-t-il. Il précise que l’argent a servi à acheter des voitures neuves pour les chefs de secteurs et la police, ainsi que des kits agricoles et de pêche pour soutenir les communautés locales…
Makengo clarifie également l’origine des fonds : « Cet argent ne vient pas directement de Perenco, mais du trésor public, suite à une négociation avec l’entreprise. Beaucoup font l’amalgame. » Cependant, cette explication ne convainc pas LICOCO, qui exige des comptes clairs et des résultats tangibles.
« Où sont les rapports financiers ? Où est l’électricité promise ? » s’interroge Mpararo, qui appelle le ministère des Hydrocarbures à s’expliquer.
Un schéma de corruption récurrent en RDC
Ce scandale n’est pas un cas isolé. La RDC, classée 163e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption 2024 de Transparency International, est gangrénée par la corruption à tous les niveaux. Des rapports, comme celui de Global Witness, estiment que des centaines de millions de dollars de fonds publics et de compensations extractives sont détournés chaque année. À Muanda, Perenco a déjà été au centre de controverses : en 2018, des habitants ont protesté contre la pollution et le manque d’emplois, et en 2023, le gouvernement a ordonné un audit environnemental de ses opérations.
Le détournement présumé des 10 millions USD prive les habitants de Muanda d’infrastructures essentielles, exacerbant la pauvreté et l’insécurité dans une région déjà fragilisée. « C’est un scandale de plus qui montre l’incapacité de nos institutions à gérer les fonds publics », déplore un habitant de Moanda, interrogé par Radio Okapi.
LA JUSTICE ENTRE EN SCENE

Le communiqué du Ministère de la Justice marque un tournant. En ordonnant des poursuites et des arrestations, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux envoie un signal fort : l’impunité ne sera plus tolérée.
Mais dans un pays où les institutions anti-corruption sont souvent inefficaces, beaucoup doutent que justice soit réellement rendue. « Nous suivrons cette affaire de près. « Les coupables doivent être punis, et les fonds doivent bénéficier à Moanda », martèle Ernest Mpararo.
Certes, avec le contenu de son communiqué, le Ministre de la Justice reconnait que les fonds débloqués par Perenco aurait du servir au développement et l’ électrification de Muanda et ne pas se perdre dans le compte général du trésor et entre les mains d’une commission sulfureuse et dont le travail se démarque pour son opacité absolue, commission mise en place par Didier Budimbu pour les gérer.
Après tout, c’est la ville de Moanda qui subit les conséquences de la pollution de Perenco et c’est elle- et elle seule qu’en devrait bénéficier avec des projets concrets et traçable de développement.
Selon Constant Mutamba, Ministre de la Justice, il se diffuse, encore, un parfum de détournement, qui couvre l’odeur des éternels « intouchables », atteint par une cleptomanie morbeuse.
Résistant Congolais