
Dans un coup de théâtre qui ébranle la région, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a décidé de retirer ses troupes de la République démocratique du Congo (RDC), ce 13 mars 2025, au cours d’une réunion extraordinaire de l’organisation tenue en visioconférence.
Le timing ? À quelques jours seulement des négociations prévues entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23/AFC. Ce n’est pas un simple repli stratégique: c’est un séisme politico-militaire qui pourrait redessiner les contours d’un conflit déjà brûlant.
Depuis décembre 2023, la SADC, bloc régional réunissant 16 pays d’Afrique australe, avait déployé ses forces dans l’est de la RDC sous la bannière de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC).
Objectif : épauler Kinshasa face à la montée en puissance du M23/AFC, un groupe armé que beaucoup accusent d’être soutenu par le Rwanda. Mais à l’approche d’un face-à-face décisif entre les deux camps, la SADC plie bagage, laissant derrière elle un vide stratégique lourd de conséquences.
Le sommet extraordinaire souligne, en bref, ceci:
1.Fin du mandat et retrait immédiat de #SAMIDRC;
2.Réitère la fusion des mécanismes de #Luanda et #Nairobi;
3. Rappelle, implicitement, que l’Angola n’est pas le seul médiateur entre Kinshasa et M23/AFC. (14. Le Sommet a également réitéré la décision de fusionner le sommet conjoint de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la SADC pour fusionner les Processus de Luanda et de Nairobi et inclure davantage de facilitateurs pour renforcer le processus de consolidation de la paix).
UN TIMING QUI FAIT MAL
Le calendrier de ce retrait a de quoi faire sourciller Kinshasa. Les négociations entre le gouvernement de la RDC et le M23/AFC étaient perçues comme une lueur d’espoir, une chance de mettre un terme à une guerre qui ensanglante l’est du pays depuis des années. Mais sans les troupes de la SADC, Kinshasa perd un atout majeur. Pour l’armée congolaise, déjà sous pression, c’est un revers brutal : privée de ce renfort régional, elle risque de se présenter affaiblie à la table des pourparlers.
De leur côté, les rebelles du M23/AFC flairent une opportunité en or. Avec leurs adversaires sur en position de faiblesse, ils pourraient être tentés de durcir le ton, que ce soit sur le terrain ou dans les discussions. Ce retrait, pour eux, ressemble à une brèche dans le mur : une chance de pousser leur avantage et d’imposer leurs conditions.
LES NEGOCIATIONS SUR LE FIL DU RASOIR
Que devient alors ce rendez-vous diplomatique ? Deux scénarios se dessinent. Dans le meilleur des cas, ce choc pourrait galvaniser les deux camps, les pousser à trouver un terrain d’entente sous la pression d’un vide sécuritaire. Kinshasa, dos au mur, pourrait lâcher du lest; le M23/AFC, sentant la victoire à portée de main, pourrait chercher à consolider ses gains. Mais il y a un revers à la médaille : si les rebelles jugent leur position trop forte, ils pourraient exiger l’impossible, faisant voler les pourparlers en éclats et relançant les hostilités de plus belle.
REPERCUSSIONS REGIONALES
Au-delà des frontières congolaises, ce retrait fait des vagues. Entre la SADC et la RDC, les relations risquent de se tendre : Kinshasa pourrait crier à l’abandon en pleine tempête et cela après le pourrissement de ses relations avec l’ EAC, Communauté d’Afrique de l’Est, dont Kinshasa avait exigé le retrait. Et puis il y a le Rwanda, éternel suspect dans l’ombre du M23/AFC. Si Kigali y voit un feu vert pour intensifier son jeu, la stabilité régionale pourrait vaciller. D’autres acteurs, comme la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ou l’ONU, devront alors choisir: s’impliquer davantage ou laisser la situation dériver. Mais dans un monde saturé de crises, qui osera prendre le relais ?
LE PRIX HUMAIN
Et pendant ce temps, la population paie le prix fort. L’est de la RDC est un champ de ruines humanitaires : des millions de déplacés, des villages rasés, une misère galopante. Si le conflit s’envenime, ce sera une catastrophe de plus. À l’inverse, un succès improbable des négociations pourrait ouvrir une porte vers la paix. Les enjeux sont colossaux.
UN TOURNANT DECISIF
Le retrait de la SADC n’est pas un détail : c’est un bouleversement.
Il fragilise le gouvernement congolais et il pourrait doper les ambitions des rebelles et met les pourparlers sur une corde raide.
À quelques jours seulement de l’échéance du 18 mars 2025, date prévue par la médiation angolaise pour le démarrage des négociations entre M23/AFC et gouvernement de la RDCongo, tous les regards sont tournés vers Kinshasa.
Ce moment charnière dira si la région bascule vers une trêve fragile ou un nouvel embrasement, en absence de la SADC…
Le compte à rebours est lancé.
Résistant Congolais


