Dans l’est de la RDC, un politicien controversé à la tête des milices Wazalendo déclenche une vague de violences interethniques, plongeant la ville dans le chaos.

Uvira, Sud-Kivu – Une odeur de poudre flotte dans l’air de cette ville frontalière stratégique de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis début 2025, Uvira est le théâtre d’une flambée de violences interethniques qui déchire le tissu social déjà fragile de la région. À l’origine de cette descente aux enfers : la nomination de Justin Bitakwira, un politicien au passé sulfureux, à la tête des milices pro-gouvernementales Wazalendo. Ce choix, perçu comme une provocation, a transformé une ville bouillonnante en un champ de bataille où hôpitaux débordés et déplacements massifs racontent la détresse d’une population prise au piège.
Une étincelle dans une poudrière
Les rues d’Uvira, autrefois animées, résonnent aujourd’hui de tirs nourris et de cris de panique. Février 2025 a marqué un tournant : des affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les Wazalendo ont dégénéré en scènes de chaos. Pillages, corps abandonnés dans les ruelles, prison vidée de ses détenus : la ville semble au bord de l’implosion. Médecins Sans Frontières (MSF) dresse un constat alarmant : plus de 100 blessés affluent dans des hôpitaux paralysés par les combats. « Les gens vivent dans une insécurité totale, sans échappatoire », confie un humanitaire sur place. Plus de 35 000 habitants ont fui, beaucoup vers le Burundi voisin, laissant derrière eux une cité fantôme.
Justin Bitakwira, l’homme qui divise
Au cœur de cette tempête, un nom revient comme un leitmotiv : Justin Bitakwira. Originaire d’Uvira, cet homme politique n’est pas un inconnu. Sanctionné par l’Union européenne en 2022 pour ses discours de haine contre les Banyamulenge – un sous-groupe tutsi souvent stigmatisé –, il a bâti sa réputation sur des déclarations incendiaires, qualifiant les Tutsis de « criminels par nature« . Sa nomination récente à la tête des Wazalendo, probablement orchestrée pour galvaniser un soutien local contre les rebelles du M23, a eu l’effet d’une bombe. « C’est comme jeter de l’huile sur un feu qui couvait depuis des années », lâche un analyste régional, sous couvert d’anonymat.
Les Wazalendo, de défenseurs à bourreaux ?
Créés en 2023 pour contrer le M23, les Wazalendo devaient incarner une force patriotique alliée à l’armée congolaise. Mais à Uvira, leur rôle a basculé. Sous la houlette de Bitakwira, cette coalition de milices s’est muée en vecteur de violence ethnique. Des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, évoquant des « tueries systématiques » visant les Banyamulenge, bien que ces allégations restent à confirmer. « Les patriotes sont devenus une menace pour ceux qu’ils devaient protéger », déplore un rapport de l’agence Fides. La peur d’un « nettoyage ethnique » gagne du terrain, ravivant les fantômes des conflits passés dans la région des Grands Lacs.
Un pari politique désastreux
Pourquoi confier un tel pouvoir à un homme aussi clivant ?
Pour certains experts, cette décision reflète une tentative désespérée du gouvernement de Kinshasa de reprendre le contrôle d’une région gangrenée par les rébellions. Mais le calcul a viré au fiasco. « C’est un pari qui a échoué lamentablement », tranche un spécialiste des conflits. Loin de stabiliser Uvira, la stratégie a exacerbé les haines ethniques, menaçant de propager l’incendie bien au-delà des frontières de la ville.
Une crise humanitaire qui appelle à l’urgence
Le bilan humain est déjà lourd. Les hôpitaux, à bout de souffle, ne peuvent plus suivre. Les déplacés, entassés dans des camps de fortune ou errant vers l’inconnu, incarnent le désespoir d’une population abandonnée. « Il faut agir maintenant, avant que la situation ne dégénère en un conflit encore plus vaste », insiste un responsable de MSF. La communauté internationale, jusqu’ici silencieuse, est sommée de se mobiliser pour éviter une catastrophe annoncée.
Uvira, symbole d’une tragédie en gestation
À Uvira, la nomination de Justin Bitakwira a rallumé des braises jamais vraiment éteintes. Entre discours de division, milices déchaînées et civils pris en étau, la ville tremble sur ses fondations. Si rien n’est fait pour désamorcer cette crise, elle pourrait devenir le sombre emblème d’un nouveau chapitre sanglant dans l’histoire tourmentée de l’est de la RDC. Le temps presse.
Les dernières images et vidéos provenant d’ Uvira affichent des cas de tueries de massa et d’actes de cannibalisme.
Le spectre du nettoyage ethnique se manifeste dramatiquement dans la crise extrême qui vivent les habitants de la ville martyr d’ Uvira, ces derniers jours.
Voire ces messages publiés sur X avec l’ avertissement qu’il s’ agit de scènes d’horreur extrême.
Résistant Congolais