
Kinshasa, 23 février 2025 – Dans une interview rare accordée au Sunday Times sud-africain, publiée le 22 février, Joseph Kabila, l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) et désormais sénateur à vie, fait un retour fracassant sur la scène publique.
Alors que l’est du pays est en proie à une escalade de violences orchestrées par le groupe rebelle M23 – accusé d’être soutenu par le Rwanda –, Kabila livre une analyse cinglante de la crise qui secoue la nation, pointant du doigt les échecs du gouvernement actuel de Félix Tshisekedi et appelant à des solutions bien au-delà des simples armes.
Sous les flashs éblouissants de la presse internationale et les murmures d’un peuple à bout, Kabila, avec sa barbe grisonnante et son regard chargé d’histoire, trace un tableau sombre mais ambitieux. « La crise en RDC est multidimensionnelle », déclare-t-il dans l’entretien, publié en une du journal sud-africain. Il ne s’agit pas seulement d’un conflit armé avec le M23 ou d’une querelle frontalière avec le Rwanda, martèle-t-il, mais d’une « crise politique, sociale, morale et éthique » remontant à 2021. Pour Kabila, les autorités de Kinshasa, sous la direction de Tshisekedi, tentent de masquer la vérité en réduisant le chaos à une simple question de sécurité régionale, ignorant les revendications légitimes des Congolais.
Dans un plaidoyer percutant, l’ancien président insiste : « La RDC a besoin de plus qu’une solution militaire. » Il appelle à une approche inclusive, réclamant que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et les partenaires internationaux s’engagent à résoudre les griefs internes, à protéger les richesses naturelles du pays – convoitées par des puissances étrangères – et à instaurer une gouvernance véritablement démocratique. Mais derrière ces paroles empreintes de gravité, une question brûle les lèvres : quelles sont les véritables intentions de Kabila ?
Car si son analyse semble lucide, son passé controversé jette une ombre sur son message. Pendant 18 ans à la tête de la RDC, de 2001 à 2019, Kabila a été autant célébré pour avoir stabilisé un pays ravagé par les guerres que critiqué pour des accusations de corruption, de répression politique et de liens présumés avec des groupes armés, dont certains liés au M23. Sur X, les réactions fusent : alors que certains saluent son «retour» comme une lueur d’espoir pour un Congo en souffrance, d’autres le qualifient de « fossoyeur » d’un passé douloureux. « Lui qui n’a rien dit pendant que le Rwanda et le M23 nous attaquent, il veut revenir ? » s’exclame un utilisateur,@EricMbangu5, affirment que l’ancien président pourrait figurer sur une liste noire imminente des États-Unis, en raison de sa « participation active » au recrutement et au financement de ces groupes. Kabila, silencieux sur ces accusations dans l’interview, semble pourtant chercher à se repositionner comme une figure clé pour résoudre la crise, peut-être dans l’espoir d’un come-back politique. Les révélations récentes, notamment les menaces de sanctions américaines contre Kabila pour son supposé soutien à l’Alliance des Forces pour le Changement (AFC) et au M23, alimentent les suspicions. Des posts sur X, comme celui de @SnegviLuang12.
À l’est, les combats font rage. Goma, cœur minier de l’Ituri et du Nord-Kivu, est aux mains des rebelles, tandis que des millions de Congolais fuient les massacres et les pillages. Les experts, comme Richard Moncrief du Groupe international de crise, pointent du doigt le rôle présumé du Rwanda, soutenu par des « preuves accablantes » d’implication militaire. Kabila, dans son entretien, ne nie pas ces dynamiques régionales, mais il insiste sur le fait que le vrai problème réside à Kinshasa – une pique implicite à Tshisekedi, dont la popularité vacille face à l’incapacité de juguler l’insécurité.
L’interview de Kabila, riche en appels à la réconciliation et à la stabilité, résonne comme un défi lancé au pouvoir actuel. Mais elle soulève aussi des questions brûlantes : peut-on faire confiance à un homme dont le règne a laissé des cicatrices profondes, un record de prisonniers politiques et une condamnation de la RDC auprès du Comité des Droits de l’ Homme des Nations Unies ?
Ses solutions, bien que séduisantes sur le papier, risquent-elles de n’être qu’un masque pour des ambitions personnelles ? Et surtout, dans un pays où la méfiance envers les élites est omniprésente, Kabila parviendra-t-il à rallier un peuple épuisé par des décennies de conflits ?
Pour l’heure, le « Raïs », comme certains l’appellent encore, observe le chaos depuis l’ombre, prêt à jouer une nouvelle carte dans le grand jeu politique congolais. Mais sur les réseaux sociaux, dans les rues de Kinshasa et les camps de réfugiés de l’est, une vérité demeure : la RDC, riche en ressources mais pauvre en paix, attend toujours son sauveur. Kabila le sera-t-il ? Ou rejoindra-t-il la longue liste des leaders dont les promesses se sont perdues dans le fracas des armes ?
L’histoire, une fois de plus, tranchera.
Résistant Congolais


