Kavumu est en train de tomber: un coup dur pour Tshisekedi et un tournant critique pour la RDC

Ce 6 février 2025, l’aéroport de Kavumu, situé à quelques kilomètres de Bukavu dans le Sud-Kivu, est en train de tomber sous le contrôle des rebelles du M23. Cette prise, aussi rapide que symbolique, plonge le régime du président Félix Tshisekedi dans une crise aux multiples facettes. Sur le plan militaire, politique et diplomatique, les conséquences pour Kinshasa sont lourdes, et les dangers pour la stabilité du pays plus que jamais palpables.

Un désastre militaire aux répercussions stratégiques

La perte de Kavumu n’est pas qu’un simple revers sur le champ de bataille. Cet aéroport est un nœud logistique vital pour les Forces armées de la RDC (FARDC), permettant le transport de troupes, d’armes et d’aide humanitaire dans une région en proie à l’insécurité. Sa chute offre au M23 un avantage tactique majeur, renforçant son emprise sur le Nord et le Sud-Kivu.

Pour les FARDC, déjà affaiblies par des années de corruption, de manque de moyens et de divisions internes, cette défaite est un coup de massue. Elle expose au grand jour les failles d’une armée incapable de protéger le territoire national, malgré les milliards de dollars investis et le soutien de missions internationales comme la MONUSCO.

En réaction, le régime pourrait être tenté de s’appuyer davantage sur des groupes armés locaux, comme les Wazalendo, ou de recourir à des mercenaires étrangers.

Une crise politique qui menace le régime Tshisekedi

Sur le plan politique, la chute de Kavumu est un séisme. Pour Félix Tshisekedi, déjà critiqué pour sa gestion de la crise à l’Est, cet échec militaire est une tache indélébile sur son bilan. L’opposition ne manquera pas de dénoncer l’incapacité du président à garantir la sécurité des Congolais.

Dans un pays où la population est épuisée par des décennies de conflits et de promesses non tenues, cette défaite pourrait déclencher une vague de colère populaire. Les manifestations, comme celles qui ont secoué le pays en 2023 contre la MONUSCO ou en 2025 contre les représentations diplomatiques, pourraient se multiplier, exigeant des comptes et des changements radicaux.

Pire encore, la chute de Kavumu pourrait exacerber les divisions au sein même du régime. Des fractures pourraient apparaître entre les partisans d’une ligne dure et ceux prônant des négociations avec le M23, risquant de déstabiliser encore davantage un gouvernement déjà fragilisé.

Des tensions diplomatiques explosives

Sur la scène internationale, la situation est tout aussi explosive. Kinshasa accuse depuis des années le Rwanda de soutenir le M23, une allégation que Kigali dément. La prise de Kavumu risque de relancer les tensions entre les deux pays, avec des accusations publiques, des ruptures diplomatiques, voire des menaces de sanctions internationales contre le Rwanda.

Les partenaires régionaux et internationaux de la RDC seront également sous pression. La SADC, déjà engagée avec la mission SAMIDRC, pourrait être contrainte d’intensifier son soutien militaire, au risque de s’enliser dans un conflit complexe. Les États-Unis et l’Union européenne, de leur côté, devront jongler entre soutien à Kinshasa et pressions pour des négociations, tout en évitant une escalade régionale.

Un scénario catastrophe en vue ?

Pour Félix Tshisekedi, les options sont limitées. Une contre-offensive militaire massive, avec l’appui de la SADC ou de mercenaires, pourrait tenter de reprendre Kavumu, mais au risque d’un enlisement coûteux en vies humaines et en ressources, surtout que la seule voie qui reste pour les renforts viendrait par route de Kigoma en Tanzanie, demandant plus de 10 jours de marche dans la jungle…. Une solution politique, via des négociations avec le M23, serait tout aussi risquée, car perçue comme une capitulation par une population déjà méfiante.

Dans le pire des scénarios, la chute de Kavumu pourrait marquer le début d’un effondrement plus large de l’autorité de l’État à l’Est, ouvrant la voie à une partition de fait du pays. Pour Tshisekedi, dont la légitimité repose en grande partie sur sa capacité à rétablir la paix, cette perspective est un cauchemar.

Conclusion : un régime sous pression

La prise de Kavumu par le M23 n’est pas qu’un revers militaire. C’est un révélateur des faiblesses structurelles de la RDC, un test pour la crédibilité de Tshisekedi, et un défi majeur pour la communauté internationale. Dans les jours et semaines à venir, les choix du régime de Kinshasa, ainsi que les réactions de ses alliés et adversaires, détermineront non seulement l’avenir de l’Est du pays, mais aussi celui de la RDC tout entière surtout avec une menace probable et imminente sur le chef lieu du Sud Kivu, la ville de Bukavu.

Une chose est sûre: le temps presse, et les marges de manœuvre se réduisent.

Pour Tshisekedi, l’heure des décisions difficiles a sonné, soit – elles politiques, diplomatiques ou militaires.

Résistant Congolais

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